|
Mesdames, Messieurs,
C'est pour moi un grand honneur que d'avoir à vous présenter
la Maison de l'archéologie et de l'ethnographie, dont nous fêtons
aujourd'hui, symboliquement, le début de la construction. Elle
recevra une vingtaine de laboratoires du CNRS et des Universités
de Paris I et Paris X tournés vers l'archéologie, depuis
la Préhistoire jusqu'au Haut Moyen Age, et à l'Ethnologie,
sur pratiquement toutes les parties du globe. La justification d'une telle
entreprise est évidente pour tous ceux qui connaissent la situation
actuelle de bien des laboratoires à Paris : qui n'a vu, au troisième
étage de l'Institut d'Art de la rue Michelet, les couloirs encombrés
de photocopieuses et d'armoires, les vestibules où déambulent
les professeurs avec leurs étudiants, parce qu'il ne reste plus
une chaise libre dans leur local ; la dispersion des laboratoires, l'éclatement,
parfois, d'un même laboratoire en plusieurs localisations entraînent
des désordres considérables : que dire des chercheurs, des
ITA qui en sont réduits à travailler chez eux, je veux dire
dans leur propre appartement, où ils apportent le matériel
payé par l'Etat, les documents, les photographies, qui appartiennent
à la collectivité ? Une telle situation paraît difficilement
acceptable, et notre nouvelle maison devrait au moins permettre de donner,
à un certain nombre de laboratoires, des conditions de travail
normales.
Mais l'opération ne se réduit pas à un simple relogement.
Le rassemblement, dans un même bâtiment, d'un grand nombre
de laboratoires et de chercheurs, va permettre de leur donner les moyens
de travail lourds dont sans cela ils n'auraient pu que rêver, -
pour la reprographie, pour l'informatique (et je voudrais signaler ici
que notre Maison sera, comme on dit, "intelligente", c'est-à-dire
que chaque bureau sera relié au réseau informatique, et
par là aux banques de données et d'images de nos laboratoires
que prendra notre bibliothèque, en fait une bibliothèque
double, pour l'archéologie et pour l'ethnologie, qui devrait constituer
un instrument de travail majeur, pour le moment absent de la région
parisienne).
Cet accroissement des moyens techniques accordés aux équipes
de notre Maison ne constitue pas d'ailleurs le dernier avantage de l'opération.
Il me semble que le grand nombre des chercheurs réunis dans la
maison, plus de 300 chercheurs statutaires, va atteindre ce que les physiciens
de l'atome appellent une "masse critique", c'est-à-dire
un ensemble où se produisent de nouveaux ordres de phénomènes
: il peut s'agir, éventuellement, de frottements, de frictions,
de heurts; il peut s'agir, certainement, d'une grande production de chaleur;
mais j'espère que se produiront aussi ces éclairs de nouveauté,
qui doivent éclater dans une telle conjonction de spécialistes
et de spécialités; je suis persuadé que des perspectives
nouvelles, et novatrices, vont s'y ouvrir.
Voici, brièvement résumés, les avantages qu'on peut
raisonnablement attendre de notre Maison. Certains ont pu se demander
quelles raisons avaient fait choisir, pour son implantation, le campus
de Nanterre. La première raison, c'est que ce campus, grâce
a une sage politique, dispose encore d'espaces libres, alors qu'on voit
mal comment on aurait pu trouver dans le Paris intra muros une surface
au sol d'environ 1600 m2, permettant de bâtir près de 8000
m2 de surface utile. Or, ce site est bien relié, non seulement
avec le Paris du centre avec ses bibliothèques et ses musées,
mais aussi avec un musée comme celui de Saint-Germain dont les
collections sont pour nous d'une importance réelle. Autre raison,
qui a contribué d'une manière décisive à faire
préférer notre site à d'autres qui avaient été
envisagés: c'est que notre Maison sera au cœur d'une Université
de qualité, et d'une Université en expansion, hélas,
allais-je dire en songeant aux problèmes que pose un afflux d'étudiants
toujours grandissant. Mais on sent bien maintenant que les centres de
recherche ne peuvent être coupés des centres d'enseignement,
comme le montrent a contrario des exemples bien connus : ce sont les étudiants
avancés qui permettent de tester les résultats de la recherche,
ce sont eux qui forment le vivier dont sortiront les futurs chercheurs.
De fait, notre maison abritera, dès son ouverture, trois écoles
doctorales, en tout plus d'une centaine de doctorants. Et enfin, pour
justifier le choix du campus de Nanterre, on peut opposer, aux tenants
nostalgiques des vieux quartiers, la dynamique de notre environnement,
cette Défense sur laquelle veille l'EPAD, dont le développement
a certes subi des retards, mais qui reprend sa vigueur, et qui représente
un poids économique et financier, auquel doit faire équilibre
le poids de nos institutions universitaires : pour qui regarde l'avenir,
ce qui n'est pas interdit même aux archéologues et aux ethnologues,
notre implantation dans cet environnement est porteur de vraies promesses.
Et enfin, on ne sait pas assez que, dans nos espaces verts, dans nos arbres
encore beaux malgré l'arrivée de l'hiver, nichent des quantités
d'oiseaux, de variétés parfois étranges : la liste
officielle, publiée dans le fascicule pour les 25 ans du campus,
donne les noms de la mouette rieuse, l'étourneau sansonnet, la
pie bavarde et le bruant zizi. Eh bien, je souhaite que ces oiseaux viennent
s'installer sur notre Maison, mais je souhaite surtout que s'y retrouvent,
venant de tous les coins de l'horizon, ces grands vols d'oiseaux sauvages,
les libres envolées de l'esprit.
|
|