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à R. Ginouvès |
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René Ginouvès,
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Il y a un parallélisme évident entre les problèmes traités dans ce dossier d'Archéologia et ceux que l'on rencontre lors de la construction de banques de données, dans la phase qui précède l'informatisation, celle que l'on appelle “ la phase de la constitution des données ”. Cette dernière consiste, en effet, à transposer une réalité matérielle, l'objet archéologique, dans une image linguistique, la série des mots qui en forment la “ description ”. Mais, de leur côté, aussi, tous ceux qui sont confrontés au problème des techniques des relevés doivent obtenir une transformation en images d'une réalité matérielle ; simplement, la transformation est d'un autre type, que l'on pourrait appeler, faute d'un meilleur terme, “ transformation iconique ”, celle de l'image graphique ou photographique. Et la fonction de ces images est analogue dans l'une et l'autre situation : il s'agit de recueillir, conserver, diffuser l'information, de manière à la rendre disponible pour le travail archéologique postérieur, qu'il s'agisse d'une archéologie du document dans laquelle une mosaïque (par exemple) va être caractérisée par sa date, son origine, son interprétation, obtenues au moyen de comparaisons que nous appelons ses “ parallèles ”, ou bien qu'il s'agisse d'une archéologie des systèmes, dans lesquels les documents sont regroupés pour la reconstruction du fonctionnement socio-culturel dans le passé. L'appauvrissement de l'information au cours des transcriptions.Or, cette information est d'autant plus maniable qu'elle s'est
davantage appauvrie dans le mécanisme de la transposition, ou
(manière inverse d'exprimer la même proposition) une image est
d'autant plus facile à utiliser qu'elle a davantage perdu d'information.
Le phénomène est particulièrement net dans la transposition
linguistique : on mesure l'appauvrissement entre le foisonnement d'une
description littéraire et poétique, dont les mots arrivent
à dire même l'indicible, et la netteté d'une description
normalisée, telle qu'on peut la trouver dans un bon catalogue, et enfin,
l'abstraction d'une description formalisée pour son intégration
dans une banque de données informatiques ; mais on mesure aussi combien
se sont accrues les possibilités d'un tri comparatif fiable et
contrôlable. Comment parvenir à une objectivité de l'information ?Que dire ? Ici interviennent dans l'un et l'autre domaine, les deux problèmes
de l'objectivité et de l'exhaustivité (voir sur ce point René
Ginouvès, Anne-Marie Guimier-Sorbets, La constitution des données
en archéologie classique, Paris, C.N.R.S., 1978). L'objectivité
ne peut être absolue, on le sait trop bien, en ce qui concerne le dessin,
puisque nous sommes capables de “ dater ” un dessin, un relevé
de mosaïque ou de peinture murale d'après le style de son époque,
et éventuellement même, de reconnaître son auteur d'après
son “ style personnel ”. Mais la photographie aussi est loin d'être
objective, car l'objectif photographique malgré son nom, ne l’est
pas : la preuve, c'est qu'il suffit de changer d'objectif pour obtenir des images
différentes - et que dire des couleurs, du rendu de la matière,
etc. Quant à l'exhaustivité, si elle est impossible dans les descriptions
écrites, elle l'est aussi dans les images graphiques (et même photographiques,
pour des raisons d'un autre ord e), car, même si l'on dessine une mosaïque
au “ cube à cube ”, pourra-t-on dessiner la forme de chaque
tesselle ? On en vient ainsi au problème classique de la “ finesse
de description ” et à la constatation que la question n'est pas
de savoir si on va perdre de l'information mais comment contrôler cette
perte, en fonction des utilisations prévues pour l'image. |
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© Archéologie et systèmes d'information, UMR 7041 ArScAn. Hommage à René Ginouvès (en ligne), 2003 (consulté le ...) <www.mae.u-paris10.fr/ginouves/index.html>