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On voudrait mettre ici en lumière, au moyen d'exemples
empruntés à trois bâtiments, une transformation caractéristique
de l'évolution des thermes en Grèce aux basses époques,
savoir la multiplication des cuves pour le bain individuel, obtenue souvent
par une transformation des piscines collectives. Cette évolution doit
présenter un certain intérêt au point de vue sociologique,
car les baignoires individuelles ont toujours été rares dans les
grands établissements de l'Occident romain ; à peine pourrait-on
citer les petites salles de bain particulières des Thermes de stables
à Pompéi, qui doivent se rattacher à la tradition hellénistique,
– et encore paraît-il qu'elles furent abandonnées très
tôt[1]. Une série tout
à fait spéciale, et sur laquelle nous reviendrons plus loin, est
constituée par les cuves individuelles des établissements bâtis
près de sources thermales. Certes, les anciens mentionnent quelquefois,
dans leurs descriptions de bains, l'utilisation de cuves particulières
: telle semble être la signification du mot solium[2]
; mais les mots piscina, baptisterium, descensio désignent de
grands bassins collectifs, et il en est de même pour alveus[3].Il
est aussi caractéristique que les fouilles n'aient pas mis au jour un
nombre vraiment, important de “ baignoires ” proprement dites[4],
même si on tient compte de la disparition possible de la plupart des exemplaires
de bronze ; et encore peut-on supposer que certaines des cuves de marbre découvertes
devaient constituer plutôt des bassins ornementaux. Dans l'ensemble, on
admettra donc que le bain romain, aux trois premiers siècles de notre
ère, se prend normalement, dans des piscines collectives[5].
Les exemples qui illustrent le renversement de cette situation seront empruntés
aux thermes de l'est à Delphes, aux grands thermes d'Argos, et aux thermes
du nord-est à Épidaure. Il serait possible de les multiplier,
mais ceux qu'on trouvera ci-après donnent, semble-t-il, les variétés
essentielles des remaniements : création d'une petite cuve supplémentaire
par percement d'un mur, création d'une petite cuve à l'intérieur
d'une porte, et transformation d’une piscine collective en cuves multiples,
ces exemples se rencontrant soit dans des salles froides, soit dans des salles
sur hypocauste.
Thermes de l'Est à Delphes.
– Ce bâtiment, d'importance moyenne, est situé
en bordure est du sanctuaire, au nord de l'agora romaine dont il est séparé
par un édifice à cour centrale[6].
Ici, la transformation a consisté simplement en l'adjonction d'une petite
cuve dans le frigidarium, par percement d'un mur.
Le frigidarium F est, une pièce relativement vaste
(fig.1), qui s'inscrit dans un rectangle de 12 mètres du nord
au sud et 6 mètres d'est en ouest : elle comprend une zone centrale,
carré déformé de 4 m. 80 de côté, une piscine
rectangulaire au Nord. une petite abside au Sud, une baignoire semi-circulaire
à l'Ouest. Cette dernière, qui nous occupera spécialement,
est logée dans une abside large de 1 m. 60, qui s'enfonce de plus d'un
mètre à travers le mur ouest de la pièce (fig.2),
jusqu'à faire saillie à l'extérieur. Elle devait être
voûtée en cul de four, et des traces de départ sur le mur
nord permettent d'en restituer approximativement la hauteur, qui devait être
de 2 m. 30. La margelle qui séparait le bassin de la pièce était
large de 0 m. 33, avec à l'arrière une marche, ou plutôt
un point d'appui, large de 0 m. 10, à 0 m. 35 au-dessus du fond. La hauteur
de la margelle est aisée à reconstituer, car elle correspondait
il l'arrivée d'eau située dans l'angle nord, et dont il sera question
plus loin. On obtient ainsi une margelle de 0 m. 65, et un bassin d’une
profondeur totale de 1 mètre[7].
La cuve est enduite d'un ciment blanchâtre, avec bourrelets aux rencontres
des plans. Il n'y a pas d'orifice de vidange.
Cette cuve ne pouvait évidemment être utilisée que par une
seule personne à la fois, contrairement à la piscine nord, de
dimensions assez considérables (4 m. 20 x 2 m. 85).Or, il apparaît
qu’elle a été installée lors d’un remaniement
assez important, qui a affecté l'ensemble de l'établissement.
Pour la construire, on dût entailler le mur ouest de la salle, et le raccord
se fait d'une manière assez maladroite, en tout ces très visible
; et d'autre part, les matériaux utilisés sont caractéristiques
de l'état Il du bâtiment[8].
Enfin, pour alimenter en eau ce nouveau bassin, il fallut modifier la piscine
nord : la banquette qui l'enserre est bâtie, jusqu'à une hauteur
de 1 m. 05 au-dessus du fond, en briques caractéristiques de l'état
I ; au-dessus court une bande de 0 m. 25 de hauteur faite d'éléments
caractéristiques de l'état II : cette surélévation
a entraîné l'abandon du placage de marbre, peut-être détérioré
et, de toute manière insuffisant[9],
niais elle-même s'explique par la nécessité de ménager
une arrivée commode à l'eau de la nouvelle cuve. En effet, le
plan supérieur de la banquette est creusé d'un caniveau large
et haut de 0 m. 08 environ, qui prend naissance au milieu du long côté
Nord, sous l'arrivée d'eau de la piscine, et aboutit, dans l'angle sud-ouest,
contre le montant qui la sépare de la salle : en cet endroit, on a ouvert
un orifice irrégulier, alors que la construction était achevée
(fig.3), et, au sud du montant, une encoche court dans la paroi, pour
aboutir dans l’angle de la petite abside : elle contenait certainement
un tuyau de plomb maintenu par du mortier, qui conduisait dans la nouvelle cuve
l'eau du caniveau.
Ainsi, lors d'une transformation d'ensemble qui se caractérise par sa
pauvreté, on n'hésita pas, dans ces thermes de Delphes, à
ouvrir une brèche dans la paroi. et à modifier l'arrangement hydraulique
du frigidarium, pour le seul besoin de compléter la piscine collective
par une petite cuve individuelle. Or, l'étude des éléments
internes de datation amène à placer le remaniement dans la première
moitié du IVe siècle : peut-être faut-il le mettre en rapport
avec une inscription trouvée tout près, concernant une donation
de L. Gellius Menogenes[10], qui
concernerait, d'après une hypothèse de J. Bousquet[11],
la transformation des bains le texte daterait, exactement de 319 après
J.-C.
Grands thermes d'Argos.
- Les grands thermes d'Argos, situés entre le théâtre
et l'odéon romain. ont été dégagés presque
entièrement en 1954[12].
Ici encore, ou distingue an moins deux états de la construction, dont
le second se caractérise précisément par la multiplication
des petites piscines : c'est ainsi (fig.3, p.322) qu'une pièce
intermédiaire entre le frigidarium et les salles chaudes. G, a reçu
une cuve froide de petites dimensions ; et, dans les pièces chaudes,
si le caldarium C3 avec ses trois piscines rectangulaires assez vastes ne semble
pas avoir été remanié, la grande piscine du caldarium C2
a été divisée en deux bassins, et le caldarium C1, caractérisé
par une grande piscine semi-circulaire, a reçu en plus une toute petite
cuve rectangulaire.
La transformation de la salle G (fig.4) est celle qui correspond le
plus à l’exemple de Delphes : car il s'agit, ici aussi, d'une pièce
froide, non pas frigidarium, dans son premier état, mais tambour de distribution
entre F et les caldaria[13]. t,
d'autre part, le remaniement a été effectué de la même
manière : on a ouvert dans le mur nord de la pièce une brèche
large de 1 m. 54 au sud, 1 m. 95 au nord, en entaillant les parois en biais[14].
A l'arrière, on a construit, une abside semi-circulaire, dont le rayon
intérieur est de 1 m. 20 (fig.5). Cette excroissance pénètre
largement dans la salle H, située immédiatement au nord, autant
et plus que la nouvelle abside du frigidarium de Delphes n'entamait, la cour
de service située en arrière. L'abside est occupée par
un bassin bien conservé, avec tout son placage de marbre en place, maintenu
par des crochets de fer[15], et
des bourrelets
horizontaux et verticaux aux rencontres des plans. On accédait à
la cuve, depuis G, en franchissant une margelle haute de 0 m. 53, large de 0
m. 47, doublée à l'arrière par une marche large de 1 m.
33[16] située à 0
m. 52 au-dessus du fond. Il y a un orifice de vidage. La cuve est plus grande
que celle de Delphes, mais, si elle pouvait être utilisée à
la rigueur par deux personnes à la fois, il est certain que ses dimensions
ne peuvent être mises en rapport avec celles des grandes piscines de F.
Les autres transformations de ce bâtiment d'Argos portent
sur des pièces chaudes. Le caldarium C2 ne comportait certainement qu'une
seule piscine dans son état premier : en tout cas, l'arc qui limite au
nord la pièce s'ouvre en son milieu d'un orifice voûté destiné
manifestement à recevoir un dispositif “ testudo alvei ”[17].
Toute autre trace de la piscine a disparu, avec la reconstruction de l'hypocauste.
Lors du grand remaniement, on établit une cuve de dimensions restreintes
dans l'angle nord-est. De plan un peu irrégulier, pour s'adapter au tracé
en arc du mur de fond, elle dessine en gros un rectangle de 1 m. 75 x 2 m. 10
intérieurement. La margelle, large de 0 m. 37 et de hauteur indéterminée,
était doublée en avant par une marche large de 0 m. 34, en arrière
par une autre marche de 0 m. 25 de large et 0 m. 44 de haut. La cuve comporte
une vidange ; dans la paroi nord on a ouvert un orifice destiné à
recevoir le dispositif de chauffage de l'eau. La cuve est construite en matériaux
caractéristiques de l'état II du bâtiment. Il est tout à
fait probable qu'une autre cuve semblable avait été bâtie
dans l'angle nord-ouest de la pièce, encore qu'il n'en soit resté
pratiquement aucune trace, toute cette partie du bâtiment ayant beaucoup
souffert ; mais dans la paroi nord s'ouvre un orifice de testudo alvei symétrique
de celui de la cuve nord est, et qui confirme l'existence en cet endroit d'un
bassin à chauffer. Enfin, l'existence, entre les deux cuves, d'une large
ouverture (celle de la tesludo alvei primitive) dont le niveau supérieur
dépassait largement, celui du plancher suspendu, nécessitait un
arrangement spécial. On voit encore, contre le bord ouest de la cuve
conservée, les restes d'une sorte de petite voûte obliqué,
descendant du nord vers le sud, et dont la fonction devait précisément
être de racheter la différence entre le niveau de l'ancienne testudo
et celui de la suspensura.
Tout autre est la transformation qui a affecté le, caldarium C1 : ici,
on a installé une petite cuve individuelle (fig.6) dans la porte
qui faisait communiquer C1 et C2. La cuve a donc des dimensions tout à
fait réduites, 0 m. 92 x 1 m. 19 intérieurement. On y accédait,
depuis C1, par une margelle large de 0 m. 40 et haute de 0 m. 75 par rapport
au fond[18], précédée
par une marche large de 0 m. 24, et suivie par une marche large de 0 m. 19,
haute de 0 m. 40. La construction de la paroi nord est particulièrement
légère. Comme on voulait laisser son ordonnance au caldarium C2,
on disposait seulement de l'épaisseur de la cloison chauffante, c'est-à-dire
une quinzaine de centimètres : aussi la cloison a-t-elle actuellement
à peu près complètement disparu. La cuve comportait un
orifice de vidange vers le sud, au niveau du plancher suspendu de C1 ; l'alimentation
se faisait par un tuyau débouchant dans la paroi sud, et provenant de
la grande piscine semi-circulaire de C1. Il semble donc que, dans la mesure
où on voulait remplir la petite cuve d'eau non souillée, il fallait,
le faire quand on venait d'emplir la grande piscine, en utilisant le trop-plein
qui les unissait[19] ; ensuite,
il suffisait de couper la communication. La cuve était entièrement
plaquée de marbre blanc, avec bourrelets horizontaux et verticaux aux
angles rentrants. La plaque inférieure comporte un graffito gravé
fortement : . Une
plaque, brisée en deux parties, et tombée dans la cuve, devait
provenir de sa paroi est : elle portait la même inscription, dont on a
trouvé encore un troisième fragment, dans les déblais.
On reviendra sur son interprétation.
Ainsi, dans cet établissement plus encore qu'à Delphes, le sens
de la transformation est clair : sans aller jusqu'à supprimer toutes
les piscines collectives, on les double le plus possible par des cuves individuelles
ou semi-individuelles, – car les plus grandes même ne peuvent avoir
été utilisées correctement par plus de deux personnes à
la fois. Or, ici encore, la transformation peut se dater avec une relative précision
: elle doit être postérieure aux destructions des Goths, lors de
leur seconde invasion : en effet, on a remployé pour le seuil de H une
statue brisée, et la nouvelle organisation de cette pièce est
contemporaine de la cuve absidiale de G. Les éléments de datation
interne conduisent à cette même seconde moitié du IVe siècle.
Thermes du nord-est à Épidaure
– Mais la transformation la plus caractéristique
est celle qu'ont subie les thermes du nord-est à Épidaure[20].
Ici, le frigidarium proprement dit n'a pas été modifié,
mais on l'a doublé en supprimant l'hypocauste d'un des caldaria. Pour
les autres, on a multiplié les cuves individuelles, tantôt en les
créant de toutes pièces, tantôt en morcelant des piscines
collectives (fig.7).
En C1, la partie nord de la pièce est occupée par des baignoires
jumelles mais légèrement dissemblables (fig.8) ; par
leurs dimensions d'abord, car celle de l'est mesure intérieurement 1
m. 20 du nord au sud, l'autre 1 m. 35. D'autre part, la margelle qui les sépare
du reste de la pièce se présente différemment dans les
deux cas : à l'ouest, c'est une banquette large de 0 m. 28, qui s'élevait
; a une hauteur de 0 m. 90, comme l'indique un fragment de placage horizontal
conservé dans le montant est ; en avant, une marche intermédiaire,
large de 0 m. 22 et haute de 0 m. 53 au-dessus du pavement, facilitait le passage
; la margelle franchie, on descendait dans la cuve par une marche de 0 m. 22
de large et 0 m. 53 de haut. Comme pour la cuve voisine, l'ensemble était
recouvert de plaques de marbre, dont des fragments importants sont restés
en place. Pour la baignoire est, le dispositif était plus simple : la
margelle est large de 0 m. 33, et sa hauteur ne dépassait pas 0 m. 72
; on n'a pas jugé bon d'établir une marche d'accès, seule
subsiste la marche intérieure, large de 0 m. 26 et haute de 0 m. 48 au-dessus
du fond. Un trou est percé dans la paroi entre les deux cuves, à
0 m. 88 au-dessus du fond de la cuve ouest, et 1 m. 10 au-dessus du fond de
la cuve est : il limitait le niveau de l'eau de celle-là, mais servait
surtout à remplir celle-ci, qui n'avait pas d'alimentation indépendante.
Inversement, seule la cuve est possède un trou d'évacuation ;
d'un diamètre de 5 cm.5, il est percé dans sa paroi antérieure,
an niveau du sol de la salle, où les eaux pouvaient ruisseler, mais 0
m. 33 au-dessus du fond de la cuve : si bien qu'il ne pouvait fonctionner ni
comme trop-plein, ni comme vidange. En fait, il était impossible de l'établir
plus bas, au niveau du fond, car il aurait donné dans l'hypocauste ;
aussi, l'orifice ne pouvait servir qu'à l'évacuation d'une partie
de l'eau par dessus le pavement de C1 ; le reste devait être puisé,
comme chaque fois que le trou de vidange fait défaut. Le chauffage des
deux cuves était, réalisé par un hypocauste dont le fourneau
se trouvait derrière la cuve ouest (fig.9).Il s'ouvre par un
arc haut de 1 m. 15, donc plus élevé, de 0 m. 40 que le fond de
la cuve. D'autre part, on voit, à la naissance de l'arc, le décrochement
caractéristique de la testudo alvei. Ainsi, la cuve ouest avait moins
besoin d'orifice d'évacuation, puisqu'on pouvait régler le niveau
et vidanger depuis l'extérieur. Le remplissage de la cuve est se faisait
par le trou de communication, quand la cuve ouest était pleine ; quand
celle-là était pleine à son tour, il suffisait de boucher
l'orifice pour les rendre indépendantes. Les deux cuves reposent sur
un même hypocauste ; un rideau de tegulae mammatae courait sur les faces
est et nord de la cuve est, et sur la face ouest de la cuve ouest, renforcées
par des tuyaux de tirage verticaux.
L'appareil des murs des cuves, en grosses pierres à
peu près entourées de briques, est caractéristique de l'état
II du bâtiment. Fort heureusement, des traces assez nombreuses ont subsisté
de l'état I pour qu'on puisse le restituer avec quelque certitude. On
remarque, à l'extérieur du bâtiment, que le mur droit qui
forme la paroi nord des cuves s'encastre dans un mur semi-circulaire, dont il
reste une portion importante à l’ouest. Il est construit selon
la technique de l'opus mixtum caractéristique de l'état I. De
plus, vers l'intérieur, sur les parois est et ouest, on note une coupure
nette (très apparente sur la fig.10) entre la partie nord, dont,
la technique est celle de l'état II, et dans laquelle s'ouvre le conduit
de tirage vertical, et la partie sud, toute en briques du type I, formant une
sorte de montant large de 0 m. 60.Dès lors, il apparaît, que l'état
I comportait à cette place une abside semi-circulaire, profonde approximativement
de trois mètres, et qui faisait pendant, dans l'ordonnance générale
du bâtiment, par delà la petite abside de C2, à celle de
C3. Les deux montants de brique devaient la limiter vers le sud. Cet arrangement,
implique la présence d'une piscine semi-circulaire, chauffée par
un foyer placé en son centre ; la transformation a consisté à
la remplacer par les deux cuves individuelles.
Le remaniement a été tout aussi radical dans la pièce chaude
C4. Dans le dernier état, on y pénétrait depuis le vestibule
V’’’, et on disposait d'une petite cuve semi-circulaire au
nord, de deux cuves rectangulaires à l'est. L'étude de ces différents
éléments montre que le plan primitif était tout autre.
Et d'abord le vestibule V’’’, pièce de 3 m. 13 x 1
m. 55, comporte des traces manifestes d'un hypocauste, avec ses pillettes en
place. Mais cet hypocauste ne pouvait recevoir de chaleur d'aucun côté,
les quatre murs qui l'entourent étant pleins. Pourtant la paroi est porte,
à ce niveau inférieur, des traces d'une réfection presque
totale : dès lors, il apparaît que la pièce était
chauffée dans l'état I ; lors de la transformation on combla l’hypocauste,
en laissant subsister les pillettes encore en place. V’’’
devenait ainsi le vestibule froid d'une pièce chaude[21].
Mais la transformation avait une signification : tout autour de la pièce
un ressaut large de 0 m. 11 environ règne à 1 m. 02 au-dessus
du sol, et, il n'a aucune utilité dans l'état II du bâtiment.
D'autre part, l'ouverture nord, qui met V’’’ en communication
avec C3, est postérieure à l'état I du bâtiment :
une brèche a été ouverte dans le mur. Ainsi, dans l'état
I, V’’’ ne s'ouvrait que sur C4. Enfin, ce passage entre C4
et V’’’ présente des particularités caractéristiques :
dans l’état II, la porte n’était large que de 0 m.
90 ; mais la paroi dans laquelle elle s'ouvre se compose de deux parties nettement
distinctes : au centre, l'appareil est celui de l'état II, et de chaque
côté, un montant bâti selon un appareil de l'état
I fait une avancée de 0 m. 33 sur les parois nord et sud. Ces deux montants,
qui laissent entre eux une baie de 2 m. 80, étaient plaqués de
marbre sur leurs faces intérieures, et des fragments de cette décoration
sont restés pris sous l'appareil de l'état II. On pressent ainsi
comment pouvait, se présenter la pièce V’’’
primitivement : à l'extrémité d'une grande salle, un réduit
fermé de tous côtés, mais ouvert largement sur elle ; tout
nous invite à restituer là une piscine, montée sur hypocauste,
qui faisait pendant, selon un schéma tout à fait courant, à
la piscine rectangulaire qu'on restitue à l'est. Mais, lors de la grande
transformation, cette grande piscine V’’’ parût inutile,
et on profita de sa démolition pour établir à sa place
un vestibule d'entrée à C4, alors qu'on bouchait l'entrée
directe de C3 en cette pièce.
En effet, dans le dernier état du bâtiment, C4 présente
sur sa face nord une petite abside semi-circulaire, occupée par une cuve
individuelle. Sa largeur est de 0 m. 98, sa profondeur de 0 m. 73, et elle est
séparée du reste de la pièce par une margelle large de
0 m. 19 dont on ne peut déterminer la hauteur. Le fond de la cuve était
dallé de marbre, et les parois ornées de petites plaques verticales
larges de 0 m. 20 seulement, pour mieux s'adapter au plan circulaire. La niche
repose tout entière sur un blocage, sans qu'on ait essayé de prolonger
l'hypocauste en cet endroit. Il est certain qu'il faut attribuer sa construction
à l'état II ; car l'abside est bâtie selon un appareil caractéristique,
qui, surtout, s'appuie sur le placage de marbre vert, de la paroi sud de G3
: or, dans l'état I, cette paroi s'interrompait sur une largeur de 0
m. 98, avec des têtes rectilignes : ainsi, c'est par cette ouverture qu'on
pénétrait primitivement dans C4 depuis C3. Lors de la grande transformation,
on jugea commode d'installer dans cette ouverture une cuve individuelle, la
porte était déplacée plus au sud, à travers la paroi
nord de la piscine ouest V’’’, transformée, elle, en
vestibule. Ce remaniement évoque directement celui du frigidarium de
Delphes et celui de la pièce C1 à Argos ; comme dans ce dernier
exemple, et comme aussi pour la petite cuve de C1 à Argos, on a utilisé
l'ouverture d'une porte pour y installer une cuve aux moindres frais ; dans
les trois cas, l'abside fait saillie sur la pièce située en arrière,
qui par là perd sa belle ordonnance[22].
La transformation de C4 fut rendue complète par le remaniement de la
zone est de la pièce. Dans le dernier état, elle comportait deux
cuves de dimensions sensiblement inégales, comme dans la salle C1. Celle
du nord mesure 1 m. 02 du nord au sud, avec une largeur de 1 m. 31 ; celle du
sud 1 m. 60. De l'agencement intérieur on ne peut, rien dire, car la
suspensura s'est effondrée : mais le chauffage se faisait par deux fourneaux
situés derrière la paroi est, avec chaque fois un dispositif de
testudo alvei[23]. Le parallélisme
très net entre les dispositions et les dimensions de ces cuves et celles
de la pièce C1, pour lesquelles l'attribution à la seconde époque
est, assurée, nous inviterait déjà à leur donner
la même date. Cette hypothèse est confirmée par l'examen
de la construction, particulièrement du mur qui les enserre. Il se compose
en effet de deux parties nettement distinctes : à l'extérieur,
un mur bâti en opus mixtum caractéristique de l'état I est
large de 0 m. 58 à l'est, davantage au sud où il détermine
l'abside est de F. A l'intérieur, une paroi large de 0 m. 48 à
l'est, de 0 m. 29 au nord et au sud, construite en moellons entourés
de briques, appartient à l'état second. Peut-on maintenant imaginer
quel devait, être l'arrangement primitif de cette partie de la pièce?
Encore qu'on n'ait pas ici de traces évidentes comme en C1, il est tout
à fait, vraisemblable qu'il y avait une grande piscine unique, faisant
pendant à la piscine ouest V’’’, et qu'on aurait remplacée
par deux petites cuves, exactement comme dans C1.
Ainsi, les thermes du nord-est à Épidaure constituent probablement
le bâtiment où apparaît avec le plus d'évidence ce
goût pour le bain individuel dont, nous avons voulu rassembler ici quelques
manifestations architecturales : car, sans compter le bain annexe sur lequel
nous reviendrons, cinq cuves particulières au moins ont été
créées, avec suppression ou transformation de trois piscines collectives.
La date de ce remaniement doit être approximativement, fixée, par
comparaison entre les appareils et ceux d'autres bâtiments d'Épidaure,
à la fin du IVe siècle ou au début du Ve.
L'explication de ce goût nouveau peut être cherchée dans
plusieurs directions, et il est probable qu'effectivement des tendances diverses
ont, concouru à le faire naître. Tendances dont on aimerait connaître
la durée : il sera question plus bas du bain turc ; mais, pour l'époque
byzantine, si on s'en tenait aux découvertes archéologiques, on
manquerait de documents indiquant une persistance du goût pour le bain
individuel. Il est vrai qu'en ce domaine nos informations sont très limitées
: les tentatives faites pour retrouver les bains byzantins dans des bains turcs
sont extrêmement, aléatoires[24],
et les quelques bains de monastères connus ne sont ni assez nombreux
ni suffisamment, bien conservés pour permettre la moindre conclusion
assurée[25]. Par contre,
les textes semblent indiquer une faveur assez continue du bain individuel :
à preuve la distinction linguistique qui apparaît dans les passages
concernant les bains entre les mots désignant la piscine collective, vv,
la plupart du temps, ou [26];
et les mots qui désignent la petite cuve, , [27].Encore
faut-il admettre une certaine indifférenciation du vocabulaire. Le fait
que désigne
bien une cuve particulière est attesté par la correspondance [28];
mais l' ne pouvait-elle
être collective ? Malgré la correspondance plusieurs fois établie
v[29],
certains exemples pourraient l'indiquer[30].Finalement
il semble y avoir eu un certain flottement dans les usages ; et jamais cette
vogue des cuves individuelles ne supplanta entièrement le bain collectif
; en tout cas, elle ne pénétra pas en Occident, nous l'avons vu.
Mais enfin, quelle qu'ait pu être sa fortune, il demeure qu'elle est parfaitement
constatable en Grèce vers le IVe siècle de notre ère. Or,
il ne faut pas essayer de faire intervenir, pour expliquer cette multiplication
des cuves individuelles aux dépends des piscines collectives, des considérations
d'ordre économique, en rapport par exemple avec l'appauvrissement généralisé
après les ravages des Goths, qui se manifeste, dans les bains même,
par la réduction du nombre des foyers[31]
; car il n'était pas plus facile de chauffer deux cuves petites qu'une
grande, au contraire[32] ; et d'ailleurs
une explication de cet ordre ne rendrait pas compte des petites cuves des frigidaria.
L'hypothèse la plus séduisante, suggérée par la
date de ces transformations, les mettrait en rapport avec quelque réaction
de pudeur chrétienne contre l'immoralité des bains pris en commun
dans les piscines collectives. Et certes les textes ne manquent pas, surtout
en Orient, qui stigmatisent la mollesse qu'engendrent les bains : mais, dans
la plupart des cas, ils visent plutôt la complaisance envers la chair,
dont les soins de propreté sont une forme, que l'impudeur de la promiscuité.
Ainsi, les ascètes s'abstenaient de bains, surtout dans le monachisme
oriental, au point que la règle de Saint Pacôme les interdit presque[33],
plutôt pour vaincre les tentations charnelles que par souci de décence[34].
Certains textes pourtant témoignent d'un ordre de préoccupations
qui pourrait expliquer les cuves individuelles : ainsi, Saint Athanase semble
indiquer que Saint Antoine ne se lavait pas pour qu'on ne le vît pas nu[35]
; et, chez les Latins, Saint Jérôme, qui essaya de faire passer
en Occident les règles du mouvement ascétique, demande qu'une
vierge chrétienne ne se baigne pas avec les eunuques ou avec les femmes
mariées même, afin que la révélation de leur corps
ne soit pas source de pensée impure[36].
En ce sens, le christianisme aurait retrouvé la rigueur des vieilles
mœurs romaines, pour lesquelles le père ne pouvait se baigner avec
le fils, ni le gendre avec le beau-père[37],
et ainsi la création des petites cuves correspondrait, en l'accentuant,
à la tendance qui présidait, précisément à
la même époque, à la création de bains séparés
pour hommes et femmes[38], souvent
par dédoublement de bains déjà existants : le cas d'Épidaure
est caractéristique, les deux transformations étant exactement
contemporaines[39].
Mais l'exagération de ce souci de pudeur ne pouvait se contenter de la
suppression des piscines collectives, et aboutissait en fait à la suppression
même du bain : car il ne s'agit plus de ne point laisser voir son corps,
ou de ne point regarder le corps d'autrui, mais bien de ne pas voir le sien
propre : ainsi le attribué
à Saint Athanase recommande aux jeunes filles chrétiennes de ne
point user de bains qui obligent à se dévêtir jusqu'à
la nudité[40] ; et la veuve
Olympias, que Saint Jean Chrysostome donnait en modèle[41],
forcée par quelque maladie de prendre un bain[42],
ne descendait dans l'eau qu'avec quelque vêtement[43].
De toute manière, il importe de distinguer les règles de la pratique
; l'habitude du bain en commun entre hommes et femmes subsista assez longtemps,
en pleine période chrétienne, pour qu'on n'ait pas marqué
une particulière répulsion envers le bain pris en commun dans
une piscine par des individus du même sexe : l'insistance des Pères
pour réprimer cette habitude là[44]
montre que, pour la grande masse des usagers, les scrupules de pudeur ne jouaient
pas un rôle tellement important dans la conception du bain ; en tout cas,
ils ne sauraient à eux seuls expliquer l'engouement pour les cuves individuelles.
On ne peut négliger, pour l'ensemble de la période byzantine,
les textes auxquels nous avons fait allusion plus haut et qui mentionnent les
piscines collectives, ni les figurations chrétiennes de bains collectifs[45].
Et, à l'objection que ces derniers exemples appartiennent à une
période postérieure à la transformation des bains d'Argos,
d'Épidaure ou de Delphes, on répondrait que, dans ces trois bâtiments,
rien n'indique qu'on ait complètement abandonné l'emploi des piscines
collectives, dont certaines paraissent n'avoir subi aucune modification.
On trouverait une autre possibilité d'explication dans un parallèle
entre les cuves individuelles d'Épidaure et celles d'un certain nombre
de stations thermales du monde romain. Car on rencontre assez fréquemment
en Occident des baignoires ou cuves particulières, mais dans des établissements
à valeur médicale marquée, en particulier quand ils sont
bâtis sur des sources chaudes : ainsi le bain des Aquae Flavianae en Algérie[46],
en Gaule le bain d'Arles avec ses petites cuves destinées aux malades[47]
ou les établissements d'Amélie-les-Bains[48],
en Italie les bains de Baïes[49],
et le bain de Badenweiler en Forêt-Noire[50].
Dans ces exemples, l'emploi de cuves individuelles doit être évidemment
mis en rapport avec le souci d'isoler les malades, par mesure d'hygiène.
Il serait tentant d'expliquer par les mêmes considérations les
cuves individuelles d'Épidaure, que devaient utiliser les fidèles
venus chercher auprès du dieu la guérison. Mais l'explication
encore serait partielle, puisque les piscines froides collectives demeurèrent
intactes ; et surtout elle ne vaudrait pas pour des bains tels que ceux d'Argos
ou de Delphes, où ces considérations ne pouvaient intervenir au
même titre. L'hypothèse ne saurait donc être adoptée
sous cette forme : mais il est probable qu'il faut chercher l'explication dans
un domaine voisin, et faire intervenir non plus exactement l'hygiène,
mais un souci de commodité et d'agrément, lié à
une évolution de l'art du bain. L’idée devait nécessairement
venir qu'il était plus agréable de se laver dans une cuve individuelle
que dans une piscine collective. Pour l'époque hellénistique déjà
un texte de Polybe[51] montre ce
goût, que les réalités archéologiques confirment[52].
A cet égard, l'inscription
sur la petite cuve d'Argos est caractéristique : elle rappelle, avec
l'usage, courant ait Bas-Empire, de désigner par le seul mot les
bains publics[53], l'inscription
d'une vasque représentée sur un vase à figures rouges[54].
Mais on ne peut la mettre sur le même plan que les nombreuses mentions
de bains “ publics ” de l'antiquité : car il est trop évident
que l'ensemble du bâtiment était à la disposition de la
collectivité. Si on a jugé bon de rappeler sur la petite cuve
le caractère commun du bain, c'est qu'à cause de sa commodité
particulière elle aurait pu être réservée en droit
ou accaparée en fait par quelque habitué de l'établissement,
et que dès lors il importait de bien marquer qu'elle était accessible
à tous. Et certes on constate dans les textes une sorte de raffinement
croissant dans les exigences des baigneurs : aux premiers siècles de
l'empire, le bain chaud collectif se prenait dans une piscine dont la température
était indépendante du désir de chacun ; mais, à
l'époque byzantine, la cuve est remplie d'eau chaude mêlée
d'eau froide à la convenance du baigneur, qui la tâtait de la main
avant d'entrer dans la cuve[55]
; ainsi, puisqu'il fallait changer d'eau à chaque baigneur[56],
on avait intérêt à faire la cuve aussi petite que possible.
Enfin, cette transformation semble correspondre à l'aboutissement de
toute une évolution de l'art du bain ; dans les premiers établissements
romains, comme dans les bains hellénistiques, la différenciation
est très marquée entre le bain de propreté et le bain de
délassement[57] : on se lave
d'abord autour du labrum[58] avant
de se tremper dans la piscine. Mais les deux fonctions se mêlent progressivement
: à l'époque byzantine, on connaît plusieurs produits détergents,
qu'on emploie largement pendant le bain[59],
mais rien n'indique qu'ils soient utilisés avant l'entrée dans
la baignoire[60] ; en réalité,
des cuves individuelles comme celles d'Épidaure devaient être utilisées
exactement comme nos baignoires actuelles, pour l'ensemble des fonctions de
propreté ; les serviteurs dont il est fait souvent mention[61],
se tenaient près de la cuve pour verser l'eau sur les épaules
et la tête du baigneur, selon la manière archaïque[62].
Dans ces conditions, le bain ne pouvait guère être qu'individuel,
et il présentait les agréments et les défauts du bain occidental
moderne : cependant, il était suivi de l'immersion dans une cuve froide,
bien attestée[63], qui, elle,
pouvait être collective, car, d'une part, il n'y avait pas à tenir
compte des goûts de chacun pour telle ou telle température de l'eau,
et, d'autre part, les corps avaient été déjà lavés
dans les petites cuves individuelles. On comprendrait ainsi que, dans l'ensemble,
les cuves froides des thermes n'aient pas été modifiées.
Dès lors, il semble qu'on doive établir une coupure très
nette, sinon au point de vue morphologique, du moins en ce qui concerne l'utilisation,
entre ces bains byzantins et les bains turcs. Car, dans la période turque,
on semble avoir eu une telle répugnance pour l'immersion dans une eau
souillée, que le nettoyage faisait l'essentiel du bain, au point que
le “ bain de délassement ” était très
souvent complètement éliminé : certes, quelques établissements
publics comportaient des baignoires, avec gradins pour y descendre, mais on
ne les utilisait que dans les cas où l'immersion était ordonnée
pour des raisons médicales[64]
; dans la plupart des cas, les exemples de baignoires individuelles dans les
bains turcs sont tout à fait modernes[65].
Du bain byzantin, seule est conservée l'ejpavntlhsiς, mais effectuée
en dehors de la cuve. On assisterait donc, dans l'histoire du bain, à
une sorte de mouvement de va-et-vient : le bain par immersion, de propreté
et de délassement à la fois, courant à l'époque
préhellénique et archaïque, est peu à peu remplacé
par le bain de propreté classique et hellénistique, pris dans
une cuve plate, et qui toujours précédait le bain de délassement
; puis, vers l'époque romaine, le bain par immersion se répand
de plus en plus, à cause de son agrément, et on tend à
retrouver l'indifférenciation des fonctions, qui explique le développement
des cuves individuelles pour le bain chaud ; la réaction, dans le bain
turc, sera d'abandonner presque complètement l'immersion, au profit des
seules ablutions de propreté.
[1] Cf. A.
Mau, Pompeji in Leben und Kunst, p. 174 et fig. 85, p. 175.
[2] Cf. Lucrèce, De natura
rerum, 6, 800 (pour un bain chaud) ; Tite-Live, 44, 6, 1 (il s'agit d'une
baignoire royale) ; Sénèque, Epist. LXXXIII, 5 (pour un
bain tiède) ; Pline, Nat. hist. XXXIII, 152 (dans un cas d'ailleurs
assez particulier).Dans Vitruve, IX, praef. 21, il s'agit d'un exemple,
historique, qui ramène an bain grec ; et les textes de Scribonius Largus,
130, et Celse, VII, 26, 5 concernent des bains médicaux. Cf. aussi Suétone,
Divus Augustus, 82, 2, où l’interprétation de sotium
en correspondance avec le mot dureta est difficile : il est probable
qu'il ne s'agit pas d'un simple tabouret (contra. éd. Budé,
trad. H. Ailloud), l'emploi même d'un terme étranger indiquant
quelque particularité de l'objet. Mais il est douteux qu'il s'agisse
d'une cuve à immersion, car alors la fin de la phrase devient peu claire.
Le mot solium désigne une baignoire collective chez Pétrone,
Satiricon, 73.
[3] Cf. Cicéron, Pro Caelio,
67 ; Vitruve, V, X, 2.4.Alveus a pu désigner la petite
cuve, cf. Julius Capitolinus, Clodius Albinus, 5 ; mais cf. la distinction
de Festus, p. 298 b, 22 M. Les alveoli de Vitruve (V, X, 7 “ testudinesque
alveolorum ”) évoqueraient les petites cuves individuelles,
chauffées par le même hypocauste, d'Épidaure par exemple.
[4] Cf. la bibliographie de l'Exploration
archéologique de Délos, XVIII, le mobilier délien,
p. 88. notes 6 et 7 et fig. 123. Mr E. Kunze me communique aimablement
qu'une grande baignoire de marbre vient d'être trouvée dons des
thermes romains tardifs d'Olympie.
[5] On ne tiendra évidemment
pas compte des bains privés, bains de villas, etc., de très petites
dimensions et où les cuves sont nécessairement restreintes ; ainsi
en est-il au bain de Zevgolatio, cf. ci-dessus, p. 102-120.
[6] Les trois bâtiments seront
publiés en même temps dans un fascicule des Fouilles de Delphes.
[7] Sur la profondeur habituelle des
bassins, cf. ci-dessus p. 106, n. 4.
[8] Dans ce bâtiment. les constructions
de l'état I sont remarquables par leurs briques de 0 m. 28 à 0
m. 30 de côté, épaisses de 3 cm. 3 à 3 cm. 6, le
plus souvent coupées en deux. L'état II
se caractérise par des briques carrées de 0 m. 40 à 0 m.
42 de côté, épaisses de 3 centimètres à
3 cm. 5. et par des briques rectangulaires de 0 m. 21-0 m. 22 x 0 m. 29-0 m.
30, épaisses de 0 m. 03. Mais les deux états se différencient
aussi par la technique des joints, des enduits etc.
[9] Il n'était pas question
de le remplacer ni même de le compléter, tout le remaniement ayant
été réalisé aux moindres frais.
[10] Cf. R. Phil. 1911, pp.
183 ss, et pp. 347-348.
[11] Cf. BCH 76 1952, 653-660.
[12] Cf. ci-dessous, Chronique des
fouilles, pp. 323-328.
[13] On ne peut appeler cette pièce
tepidarium, car elle n'est pas bâtie sur hypocauste. Sur ces tambours
intermédiaires entre pièces chaudes et froides, cf. l'exemple
de Delphes et ci-dessus, p. 110, n.4.
[14] En cet endroit existait, clans
l'état I, une porte large de 1 m. 20. Les traces des tableaux en sont
très visibles à la partie intérieure de la margelle.
[15] Le dispositif d'accrochage,
avec crampon apparent au milieu de la ligne supérieure de chaque plaque,
semble tout à fait tardif.
[16] Cette “ marche ”
est au niveau du sol de la salle G, c’est-à-dire qu'on a posé
la margelle sur le sol déjà existant. Il en est de même
pour la petite cuve de Delphes.
[17] Cf. ci-dessus, p. 114, n. 1.
[18] Le niveau du fond de la cuve
correspond à celui du pavement de la salle ; dans la cuve de G et dans
celle de Delphes, le sol ancien sert de marche de descente.
[19] On retrouvera un procédé
comparable à Épidaure, cf. ci-dessous, p. 143.
[20] Nos remerciements les plus
sincères vont au Service Archéologique grec et en particulier
à Mr J. Papadimitriou, qui nous ont permis, en 1952, de faire
de nombreuses observations dans ce bâtiment.
[21] En fait, la salle C3 aussi
était devenue à ce moment une pièce froide, ses deux fourneaux
ayant été bouchés.
[22] C'est à Delphes que
la gêne est la moins grande, la salle située en arrière
étant une cour de service. Mais à Argos la construction de la
petite cuve en abside entraîna un remaniement complet de H, et, à
Épidaure, une des portes de C3 devint malaisément utilisable.
[23] Tardivement, le chauffage se
faisait seulement par la cuve nord, et on retrouvait ainsi exactement le dispositif
de C1.
[24] Cf. par exemple, Ch. Texier,
Architecture byzantine, pl. LVII et pp. 175 ss., à propos du bain
de Mahomet II à Constantinople.
[25] Cf. A. Orlandos, ,
p. 29, le bain du monastère près de Derbenosalesi dans le Cithéron,
qui date du XIIe ou XIIIe siècle, et ne semble pas comporter de cuves
individuelles.
[26] Cf. Koukoulè, t.
4, p. 434, notes 3-5.
[27] Cf. ibid., p. 438, notes
2-5.
[28] Cf. le lexique de Suidas, s.v.
et le lexique de Zonaras,
s. v. .
Tel était d'ailleurs le sens du mot à l'époque classique
: cf. les nombreux exemples d'Aristophane, etc. Peut-être pourrait-on
tirer une indication supplémentaire du texte d'Eustathe de Thessalonique
parlant des moines qui se plongent
(an pluriel)
(cf. Tafel, Eustathii opuscula, 220, 29).
[29] CI. Koukoulé, l.
l, p. 438, n. 6.
[30] Par exemple le texte de Théophane
AM 5864 = AC 364 (l'anecdote évoque d'ailleurs Polybe XXX, 29 (23), 3).
Cf. aussi les scholies de Reiske à l' de
Constantin Porphyrogénète (2, 626 = 554.13) où on fait
ressortir la ressemblance de formation des mots et
descencio. On pourrait ajouter qu'Alexandre d'Aphrodisias, (Ideler,
Physici et medcri graeci minores, I, 37, 22) emploie le mot pour
caractériser l'entrée dans l' v,
ce fini confirme la correspondance de celle-ci et de la descensio: or
la descensio est essentiellement collective. Cf. aussi certaines dérivations
tardives, qui semblent souligner ce caractère, Koukoulé, l.
l., p. 439, n. 6, à la fin. Pourtant le fait que désignent
souvent des chaussures caractériserait une cuve relativement étroite.
[31] Cette tendance apparaît
bien à Épidaure, à Zevgolatio (cf. ci-dessus, p. 119, n.
1), etc.
[32] En tout cas, in multiplication
du nombre des cuves ne correspond pas à une multiplication du nombre
des foyers ; l'eau chaude provient de la cuve contigüe (Épidaure)
ou d'une piscine voisine (petite cuve d'Argos).
[33] Cf. Dictionnaire d'archéologie
chrétienne et de liturgie, t. II, 1 B, s. v. “ bain ”,
col. 87.
[34] Cf. les autres exemples ibid.,
col. 88.
[35] Cf. Patrologia Graeca, t.
XXVI, col. 912.
[36] Cf. Ep. CVII, ad Laetam,
Patrologia Latina, t. XXII, col. 876.
[37] Cf. Cicéron, De off.
1, 35; 129 ; Plutarque, Calo maj. 20; mais Valère-Maxime
(2, 1, 7) et saint Ambroise, De officiis 1, 18, 79, qui connaissent cette
règle, en parlent comme d'une chose ancienne.
[38] Ce sont les (ci.
Koukoulé, l. l., p. 137 et n. 1) par opposition aux .
[39] Sur le plan fig. 7. les petites
pièces a. f, t, c, dans l'angle sud-ouest, constituent un petit bain
indépendant, avec dans le frigidarium et le caldarium de petites cuves
individuelles, là même où on pouvait établir une
piscine commune ; le type du frigidarium, avec ses étroites cuves absidiales
juxtaposées, évoque directement celui d'Asiné (cf. O. Frödin
et A. W. Persson, Asine, fig. 83). On pourrait expliquer de la même
manière le bain particulier dans les thermes du Cladeos à Olympie
(cf. IV. Bericht, pl. 422).
[40] Cf. P. G., L. XXVIII,
col. 264.
[41] Cf. Palladius, Vita S. J.
Chrysostomi, P. G., t. XLVII, col. 61.
[42] Étant en bonne santé,
elle n'aurait pas pris le bain, ce qui est l'autre aspect de l'interdit religieux,
le souci de mortification de la chair.
[43] Comme de nos jours dans certains
établissements religieux. Cf. aussi l'anecdote de Saint Nil et le précepte
“ ne aspicias corpus tuum ”, Dict. d'arch. chrétienne
et de liturgie, 1. 1., col. 89, n. 3.
[44] Ainsi le Concile de Laodicée,
dans son canon 30 (cf. Mansi, Concil. collect., t. II, col. 569) puis
Justinien (Cod. Just. I. V, tit. XVII, leg. 11, § 2) ; le concile
“ in Trullo ” (cf. Mansi, l. l., t. XI, col. 978)
; et cf. en général le Dict. d'arch. chrétienne,
II, 1, B, col. 81-82. Il est vrai que même le rédacteur de la Didascalie
admet, sous certaines réserves, le bain en commun des hommes et des
femmes (La Didascalie, tract. par Nau, p. 13, 18, c. II et III). Mais
cette tolérance est supprimée par le rédacteur des Constitutions
apostoliques qui l'adapte. Et cf. les attaques contre les femmes (fui se
faisaient frotter aux bains par leurs domestiques, dans Clément (Pédagogie,
3, 5, 32) et Oribase (cf. Koukoulé, l. l., p. 450, n. 8).
[45] Cf. la miniature du XIIIe siècle
représentant le Bain de Pouzzoles (Paciaudi, De sacr. christian. balneis,
p. 58, tab. II).
[46] Cf. St. Gsell, Monuments
antiques de l'Algérie, I, fig. 72.
[47] Cf. D. Krencker, Die Trierer
Kaiserthermen. p. 249, avec bibliographie.
[48] Cf. De Caumont, Bull. Mon,
1870, p. 620, p. 218.
[49] Cf. une bibliographie dans
le D. A. (Daremberg-Saglio-Pottier), I, p. 662. n. 213.
[50] Cf. ibid., p. 661, n.
209.
[51] Historiae, XXX. 29 (23)
3.
[52] L'époque hellénistique
connaît aussi bien le bain collectif par immersion (au gymnase de Delphes,
cf. Fouilles de Delphes, II, J. Jannoray, Le Gymnase, p.
61 ; à Gortys, dans le sanctuaire du plateau, cf. BCH, 64-65 (1940-41),
p. 280) que le bain par immersion dans des cuves individuelles (à Gortys,
le bain du sanctuaire du torrent, cuves de la salle D, cf. ci-dessous, p. 333).
Et cf. la réaction de Galien, De meth. med. VII 6 = X 473 K.
[53] Cf. J. et L. Robert, REG,
59-60 (1946-47), Bull. épigr., 207.
[54] Cf.Tischbein, Recueil,
I, 51 ; Millin, Peint. de Vases II, 45 ; cette inscription est
à mettre en rapport avec celle du vase Durand, ,
cf. R. Rochette, Mon. Inéd. d'antiquité figurée,
p. 236, n. 4.
[55] Cf. Koukoulé, l.
l., pp. 452 (particulièrement n. 4) et 453.
[56] Cf. Hesseling-Pernot, Poèmes
prodromiques, III, 118.
[57] Cf. sur ces notions R. G.,
BCH 76 (1952), pp. 545-546.
[58] Cf. dans A. Mau, Pompeji
in Leben und Kunst, le caldarium des hommes dans les Thermes de Stabies,
qui comporte un alveus rectangulaire et un support de labrum rond (p. 177) ;
de même pour le caldarium des femmes (p. 178) ; de même
pour le caldarium des hommes des Thermes du Forum (p. 181) ou pour le caldarium
des femmes (p. 191), etc. Et cf. les mentions épigraphiques du labrum.
[59] Cf. Koukoulé, l.
l., p. 451, et l'apparition des mots .
[60] D'après Koukoulé,
l. l., p. 4.52, il faudrait distinguer le bain comportant un nettoyage
suivi d'ablutions (mais on ne donne pas de références), et le
bain comportant l'immersion dans la cuve, auquel se rapporteraient les témoignages
cités p. 453. Il semble bien que ni les textes ni les réalités
archéologiques ne rendent nécessaire, ni même acceptable,
cette distinction.
[61] Et dont les Pères recommandent
de réduire le nombre, cf. Koukoulé, l. l., p. 450, n. S.
[62] Cf. la petite terre-cuite de
Chypre, BCH 24 (1900), p. 515, fig. 2.
[63] Cf. Koukoulé, l.
l., p. 454.
[64] Cf. Millingen, Gazette médicale
d'Orient, Ier janvier 1858, in S. S. Mavrogény, Leg bains orientaux,
1891, p. 59.
[65] Cf.K. Klinghardt, Türkische
Bäder, p. 9, qui cite le bain de Kükürdli Hamam à
Brousse, avec une salle entière réservée au bain individuel,
mais construite à l'imitation des bains occidentaux ; par contre, dans
le bain de Jeni Kaplidesca , on ne trouve qu'une seule cuve dans une salle latérale,
et il en est ainsi généralement.
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