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Nous présentons ici trois sites d'Arcadie occidentale,
peu visités et mal connus, Paliocastro, Saint Nicolas près de Vlachorafti
et Hellenico près de Moulatsi. Chacun comporte une forteresse, plus ou
moins importante, dont on peut se demander quels rapports la liaient avec les
fortifications de Gortys, distantes au plus de trois ou quatre heures de marche[1].
Les deux premières, particulièrement, se trouvent sur la grande
voie d'accès bien connue de Pausanias et des voyageurs modernes[2],
qui, passant par Gortys, fait communiquer la plaine de Mégalépolis
avec la plaine de l'Elide. L'étude d'une carte, mais surtout la vision
directe des lieux, montre que cette route ancienne ne pouvait suivre les cours
d'eau, Alphée ou Gortynios : la vallée de celui-ci, – sa gorge
plutôt –, remonte trop vers le Nord, en direction de Dimitsana, l’ancienne
Teuthis ; en fait, passant entre la montagne de Zatouna, à l’Ouest,
et le Klinivitsa, à l’Est, elle conduit à la haute vallée
du Ladon[3]. Quant au cours de l'Alphée,
qui serait la liaison attendue entre les deux plaines, il présente, à
partir de Karytaina, une série de défilés difficilement franchissables.
La route ancienne ne pouvait qu'emprunter la vallée assez douce, orientée
en gros Nord-Ouest/Sud-Est, et comprise entre la montagne de Zatouna, au Nord,
et au Sud une petite chaîne qui borde immédiatement la rive droite
de l'Alphée. La forteresse de Paliocastro est située sur le dernier
mamelon un peu prononcé – 300 mètres au-dessus de la mer –
à l’extrémité Nord-Ouest de cette chaîne :
elle domine l’entrée du passage, où coule un petit affluent
de l'Alphée[4]. Le fortin de
Saint-Nicolas occupe, au-dessus du village de Vlachorafti, un des points les plus
élevés de ces montagnes (941 mètres), le mieux isolé
en tout cas : il surveille à la fois les deux plaines, et particulièrement
la route ancienne à son point le plus élevé, avant qu’elle
ne redescende, au Nord de l'actuel village d'Atsicolo, vers la grande forteresse
de Gortys, qui barrait l’accès à la plaine. La relation d'Hellenico
avec ce système est moins nette. Ce petit poste, d'où l’on
voit parfaitement l’enceinte de Gortys et le fortin de Saint-Nicolas, semble
plutôt fermer une des voies qui, depuis le Gortynios, remontaient, sous
les pentes du Klinivitsa, vers les pays du Nord-Est : actuellement, il domine
le chemin qui conduit, depuis les fouilles du sanctuaire inférieur, aux
collines de Moulatsi, d’où la route monte vers Chrisovitsi, par le
passage de Stemnitsa. Le petit fortin antique pouvait contrôler cette voie
d’accès, une des très rares vers le Ménale et les plateaux
de l'Arcadie Orientale.
I. Paliocastro
Entre Héraia et Mégalépolis Pausanias
a signalé deux localités, Mélaineai et Bouphagion[5].
A l'époque moderne, comme il arrive si souvent, c'est J. G. Frazer,
Pausanias’s description of Greece, IV, p. 301-304, qui a décrit
cet itinéraire avec la plus grande abondance de détails. Deux
sites antiques y ont depuis longtemps retenu l'attention des voyageurs, l'un
d'eux, à Paliocastro, dont la forteresse a été identifiée
presque généralement, en réalité sans doute possible,
à Bouphagion[6].
Comme il apparaît sur le plan
(fig. 3) l’enceinte de la forteresse de Paliocastro est double.
La figure 2 permet de juger le rapport entre la citadelle intérieure (immédiatement,
en dessous de la petite chapelle) et la fortification extérieure (entre
l’olivier à gauche, situé un peu en dessous de la tour T7,
et le dernier à droite, sous lequel passe la courtine C 12). Seule d'ailleurs
l'enceinte supérieure a, dans l’état actuel, un tracé
déterminable avec quelque précision. Elle forme en gros un quadrilatère
orienté Sud-Ouest/Nord-Est, long d'un peu plus de 45 mètres, large
d'un peu de plus de 35, qui utilise habilement une position dominante naturelle.
La courtine Est C1, avec son extension de 17 mètres, est comprise entre
deux tours quadrangulaires, mais non rectangulaires, T1 et T2, dont il semble
que le niveau inférieur communiquait avec l'intérieur de la citadelle.
Elles se rattachent chaque fois par un angle à un angle de l'enceinte,
si bien qu'en fait, elles présentent, quatre côtés[7],
dont les plus grandes longueurs n'excèdent guère 6 mètres.
La muraille Sud présente vers le milieu un décrochement qui la divise
en deux courtines C2 et C3 : il est orienté de manière à
faciliter la défense, en menaçant le flanc droit des assaillants[8],
et de plus il coupe une courtine dont la longueur aurait dépassé
les 40 mètres[9]. On ne peut
préciser comment se faisait la liaison entre les courtines C3 et C4 : le
petit côté Ouest de la fortification, qui reposait sur le rocher
à pic, a été entièrement détruit ; pourtant,
il semblerait que l'extrémité Ouest de C3 se prolonge un peu au
delà de la ligne où il faut bien restituer C4, ce qui rend vraisemblable
l'existence d'une tour d'angle T3. Le dispositif au Nord de C4 est tout différent
: on trouve ici une tour ronde, d'un diamètre approximatif de 6 mètres,
bloquée entre deux arêtes verticales de rocher, dont, l'existence
semble justifier la forme particulière de la tour en cet endroit. Enfin
le long côté Nord présente une courtine C5 longue d'une vingtaine
de mètres, dont l’extrémité Ouest se raccorde avec
un mur Nord-Sud, doublé à l’Ouest par un autre mur grossièrement
parallèle, dont l’extrémité Sud aboutit au rocher contre
lequel s’appuie la tour T4. L’espace entre ces deux murs est de 2
m. 20 au Nord, de 1 m. 25 au Sud, où ils sont réunis par une paroi
perpendiculaire, tandis qu'au Nord ils sont indépendants : il ne peut s'agir
que de l'entrée de la forteresse, avec la porte reculée au fond
d'un entonnoir, et probablement une pente assez raide permettant d'accéder
au plateau supérieur : le mur Ouest indépendant dominait le flanc
droit des assaillants[10].
Le tracé de la grande enceinte, qui dans l'ensemble suit un mouvement du
terrain situé entre 10 et 20 mètres plus bas, est malheureusement
beaucoup plus difficile à déterminer. Pour la face Nord même,
il est à présumer qu'elle a entièrement disparu, les blocs
ayant roulé sur la pente très abrupte, le long de laquelle on les
rencontre çà et là. Il semble pourtant qu'ici encore le tracé
formait un grand rectangle allongé selon l'axe de l'éperon, avec
une extension totale qui dépassait 200 mètres pour une largeur d'une
centaine de mètres[11]. Au
Sud-Ouest apparaissent, dominant directement l'Alphée, les courtines C6
et C7, longues au plus chacune d'une vingtaine de mètres, et occupant une
série de positions fortes, sans qu'on puisse établir comment se
faisait leur liaison[12]. Plus au
Sud, la tour T5 s'appuye, comme T4, sur une arête de rocher qui fait nettement
saillie au Sud. Il semble qu'on ait alors une courtine rectiligne C8 (25 mètres
environ), à l'extrémité de laquelle la liaison avec le long
côté Sud-Est se faisait non par une véritable tour, mais par
une sorte d'arrondi T6, flanquant correctement C8, mais se prolongeant en ligne
droite vers C9. Toute cette partie de la forteresse est d'ailleurs extrêmement
ruinée, et on ne retrouve plus que des lambeaux de murs, jusqu'à
la tour T7, que dans l'état actuel on devine plus qu'on ne voit[13].Ensuite
vient une longue courtine droite C10, longue de 37 m. 50 et bien conservée
(fig. 4-7), flanquée à droite par une puissante tour quadrangulaire,
mais irrégulière, T8, large de 6 m. 50 en façade, et à
laquelle elle se rattache par un pan coupé. Encore que cette région
soit rendue peu claire par l'accumulation des blocs tombés, il semble évident
qu'il faille y restituer l'entrée de la forteresse. En effet, la face Nord
de T8 fait nettement retour à son extrémité occidentale,
avec l'angle marqué par des blocs plus gros : ainsi est réservé
un passage de plus de deux mètres entre la tour et la courtine C11, dont
malheureusement on ne peut étudier la limite Sud, cachée sous les
terres ; mais il est probable qu'elle rejoignait le mur M7, dont on voit
les traces au niveau du sol actuel, et qui dessine ici encore une entrée
en entonnoir le passage entre M7 et C10, large de plus de 5 mètres au Nord,
se réduit à 2 m. 50 à ce qui paraît être son
extrémité méridionale, là où il faut restituer
une porte[14] : une petite fouille
permettrait d'éclaircir ce dispositif de toute manière intéressant,
et peut-être aussi les constructions qui le suivent au Nord et à
l'Est. Car on ne voit guère, pour le moment, la relation entre C11 et le
bastion T9 (dont la face Nord-Ouest est nette, la face Nord-Est moins assurée)
; ni le rôle de la courtine C12, qui a pu s'articuler, par l'intermédiaire
de la tour d'angle T 10, avec les courtines C13 et C14. S'agit-il là d'un
ouvrage indépendant, ou, en partie du moins, de soutènements pour
une rampe d'accès vers l'entrée principale, avec défenses
accessoires, ou encore d'un dédoublement de l'enceinte de ce côté
Est, qui était le plus exposé[15]
? Encore faut-il tenir compte, en cet endroit particulièrement, de différences
d'appareil, qui peuvent indiquer des remaniements du tracé.
En effet, l'appareil de l'ensemble de la fortification,
tel qu'on peut l'étudier facilement à la courtine C 10 (fig.
5-7), est du type “ trapézoïdal à décrochements
”[16]. Les blocs, d'un calcaire
local veiné gris-bleu, mesurent de 0 m. 40 à 1 m. 20 de long,
pour une hauteur de 0 m. 40 en moyenne[17],
mais qui peut dépasser 0 m. 60. L'obliquité des joints verticaux
est rarement très marquée. Les lits de pose et d'attente forment
des lignes souvent très proches de l'horizontale, interrompues parfois,
sur une pierre même, par des décrochements quelquefois très
faibles, ailleurs pouvant atteindre une dizaine de centimètres ; mais
on trouve aussi des exemples où le décrochement se fait d'une
pierre à l'autre : dans ce cas, pour éviter la superposition de
deux joints verticaux, on utilise un petit bouchon quadrangulaire, qui produit
un décalage entre le décrochement d'une assise et celui de l'assise
supérieure[18] (fig.
5, fig. 6). Ainsi, les blocs sont généralement quadrangulaires
; on en trouve pourtant quelques-uns pentagonaux, qui tantôt se résolvent
dans le bloc supérieur voisin (fig. 5), tantôt nécessitent
l'interposition de bouchons triangulaires (fig.6, fig.7). Dans l'ensemble,
l'appareil est très soigné : le parement des blocs présente
un bossage assez accentué, avec un traitement rustiqué de la surface
; les joints sont fins, et ne laissent, aux rencontres de trois blocs, qu'un
interstice minime[19]. L'épaisseur
du mur, pour la courtine C10, est de 1 m. 82. Le contre-parement semble aussi
correctement exécuté, quoiqu'avec des matériaux de taille
nettement plus réduite[20].
Le coeur de la muraille est garni par un emplecton.
Tel est l'appareil dont est fait l'essentiel des deux enceintes[21].
Pourtant, on rencontre une technique sensiblement différente en quelques
points, notamment en C13 (fig.10). Ici, les blocs sont plus gros, dans
l'ensemble, puisqu'ils mesurent généralement plus d'un mètre
de long, pour une hauteur égale ou supérieure à 0 m. 50 ;
le parement ne présente pas de bossage, mais une surface très sommairement
dressée ; et surtout les joints sont extrêmement grossiers, laissant
entre eux des intervalles sensibles, souvent comblés par des moellons de
dimensions réduites. Cette muraille se développe sur une longueur
de près de 7 mètres, pour une hauteur atteignant 2 mètres
par endroits, et on ne saurait l'assimiler soit à un soubassement de l'appareil
soigné, soit même à une construction récente, ce que
d'ailleurs interdirait sa liaison avec C 14 et T 10. Ces derniers vestiges, malheureusement,
ne sont pas conservés sur une hauteur suffisante pour qu'on puisse rien
dire de leur appareil, non plus que pour celui de C12[22].
Par contre, la face Nord de T8 présente un dispositif assez caractéristique
(fig. 11) : en dessous du bel appareil trapézoïdal (blocs
1-5) passe une construction dont la ressemblance avec celle de C13 est assez frappante.
La liaison entre les deux appareils est très maladroite : le bloc 1 repose
à gauche sur la pointe d'un bloc vaguement pentagonal, à droite
dans une encoche entaillée dans la pointe du bloc voisin ; le bloc 2 n'a
pratiquement pas de contact avec l'un des trois blocs qu'il surmonte. Ces particularités
font autant de présomptions en faveur d'une construction plus ancienne,
que la belle enceinte en trapézoïdal aurait en partie utilisée.
On aimerait pouvoir préciser les dates de construction
et d'utilisation de ces ensembles. Le type même de l'appareil trapézoïdal
est bien connu pour le IVe siècle[23].Mais
une comparaison plus poussée avec les enceintes de Gortys montre qu'il
faut plutôt le rattacher au fortin Sud de ce dernier site : on y trouve,
en effet, l'emploi assez régulier des bouchons triangulaires qui manquent
pratiquement dans les parties les plus anciennes de la grande forteresse[24].D'autre
part, les murailles de Paliocastro sont aussi caractérisées par
l'emploi des bouchons quadrangulaires, qui à Gortys n'apparaissent qu'au
fortin Sud[25]. D'un autre côté,
le type même des tours accolées par un angle à un angle de
l'enceinte rappelle de très près, encore une fois, cette petite
forteresse de Gortys. Ces analogies permettraient, en définitive, de dater
la construction de Paliocastro de la fin du IVe siècle ou du début
du IIIe. Ce pourrait être alors un témoignage supplémentaire
de l'occupation macédonienne de cette région. Ainsi, cette forteresse
n'aurait point fait partie, au moins dans l'état où nous la connaissons,
du système protégeant la cité fédérale arcadienne,
et dont la grande forteresse de Gortys devait être la pièce maîtresse
en direction de l'Élide[26].
Heraia était hostile à la Ligue, en tant qu'alliée des Spartiates,
et la position de Paliocastro la rattache directement à l'orbite d'Heraia
: c'est le dernier point fort avant le col qui devait marquer, sur la route dont
il a été question plus haut, la limite d'influence entre les deux
systèmes. C'est par là que durent passer les Gortyniens, lors de
leur expédition de décembre 370 sur le territoire d'Heraia[27],
et peut-être détruisirent-ils quelques constructions existantes.
Vers la fin du IVe siècle et au début du IIIe, l'occupation
macédonienne, on l'a bien montré, semble avoir reposé sur
des fortifications réduites, tenues par de petites garnisons très
sûres[28]. Ainsi s'expliquerait,
avec la nouvelle organisation de l'enceinte de Gortys, la forteresse de Paliocastro,
et aussi le point fort de St. Nicolas, dont nous verrons que la technique en est
semblable. Les dimensions mêmes de ces constructions, bien qu'assez différentes,
sont du même ordre de grandeur, et attestent une occupation de caractère
semblable. On reviendra à propos d’Hellenico sur le problème
de la datation de l'appareil plus ancien.
Il est probable que des sondages effectués à
l’intérieur de l'enceinte aboutiraient à des renseignements
chronologiques intéressants. On ramasse çà et là,
sur les terres labourées, des tessons de céramique grossière
quelquefois à vernis noir, probablement du début de l'époque
hellénistique. C'est à cette même époque que ramènent
les deux monnaies dont nous avons pu prendre connaissance[29].
L'intervalle entre les deux enceintes, particulièrement à l'Est,
comprenait des constructions dont plusieurs affleurent. Si les murs M1 et M2 ne
correspondent probablement qu'à des terrasses, le mur M4, particulièrement
soigné[30] (fig.8),
pourrait être en rapport avec la belle citerne N, creusée dans le
rocher un peu plus au Nord[31]. Les
murs M3 (fig.9), M5 et M6 sont sensiblement parallèles, et les
deux derniers au moins pouvaient faire partie d'un même ensemble, dont le
mur de fond, à l'Ouest, s'appuyait contre une dénivellation du terrain.
A l'intérieur de la petite citadelle, des fouilles entreprises par les
paysans lors de la construction de la chapelle ont mis au jour, au Sud de cet
édifice, des fondations que la tradition orale indique comme assez importantes
: deux dalles, qui en ont été arrachées, sont réutilisées
sous l'iconostase, et on a maçonné dans un mur un triglyphe de calcaire,
qui pouvait provenir du même bâtiment[32].
Il faut peut être y rattacher aussi un tambour de colonne dorique travaillé
dans le même calcaire, actuellement posé devant l'église du
village[33]. Mais un chapiteau gardé
à l'école, dont nous donnons un relevé à cause de
ses particularités (fig.12), doit remonter à une date de
toute manière antérieure à la construction de l'ensemble
de la fortification[34]. Dans des
maisons du village sont conservées deux pierres de meules, du type bien
connu à l'époque hellénistique[35]
(fig.13).
Les habitants nous ont aussi montré une inscription, déposée
depuis au musée de Dimitsana, où nous aurons à la revoir.
Les circonstances dans lesquelles elle nous a été communiquée
nous ont empêchés d’en prendre autre chose qu'un estampage
hâtif et nous ne pouvons en donner ni les mesures ni la description.
Hauteur des lettres : 0 m. 015. Interligne 0 m. 015.

A la ligne 3, entre
E et T il y a place pour deux lettres : sur l'estampage on distingue seulement
deux hastes verticales d'égale longueur, la seconde encore assez éloignée
du T. La pierre semble complète à gauche.
Mentionnons encore quelques pointes de flèches, du type à deux
barbelures courtes, bords convexes, et longue soie[36]
(fig.14), et une pointe de lance en bronze à quatre faces plates
raccordées à la virolle par quatre triangles sphériques,
et longue douille lisse[37]
(fig. 14).
Mais les antiquités de Paliocastro ne se limitent pas
à la forteresse même. En descendant, vers le Nord, dans la vallée
que suivait la route antique, on trouve, sur une petite colline (lieu dit Stiplia),
d'une part une sorte de cuve, taillée dans un bloc de calcaire (fig.15),
qui pourrait être une baignoire[38],
d'autre part une série de blocs provenant vraisemblablement d'un grand
tombeau : on a ainsi deux dalles, hautes de 0 m. 33, dont l'une, brisée,
avait une longueur de plus de 2 m. 40, deux autres blocs plus épais (0
m. 49), dont l'un présente de gros tenons de bardage, l'autre une cavité,
large de 0 m. 35, destinée à recevoir la stèle ; de celle-ci,
on a encore l'extrémité, conservée sur une longueur de 1
m. 30, avec son fleuron terminal, haut de 0 m. 47, large de 0 m., 75 à
la base, sans trace de décoration visible[39]
(fig.16). Surtout, une région située plus à l'Ouest,
après les belles sources de Képhalari, au lieu dit Mingliova, mériterait
probablement une fouille importante. Il y a là, dominant l'affluent de
l'Alphée, deux falaises superposées de calcaire très tendre,
orientées d'abord Nord-Ouest/Sud-Est, puis s'incurvant pour suivre une
ligne parallèle à la colline de Paliocastro (fig.17).Toute
cette région comportait une très vaste nécropole, dont les
traces apparaissent partout: ce sont, dans la falaise, des niches hautes d'1 à
2 mètres, larges de 2 à 3, vestiges de tombes à chambres
dont la partie antérieure s'est effondrée : on en compte six serrées
en un seul endroit, sur deux niveaux superposés, et en avant le rocher
est creusé de tombes à fosse ; c'est, tout près, une très
grande tombe à chambre, avec son dromos bien conservé, long de 4
mètres et large de 1 m. 40 ; la chambre, voûtée en tholos,
a un diamètre de 5 m. 60 au niveau dégagé (elle est utilisée
comme abri pour les bergers) ; à gauche de l'entrée, à 90°
environ, on aperçoit le sommet d'une petite porte, large de 0 m 96, qui
devait conduire dans une chambre latérale. C'est, un peu plus à
l’Est, une série de quatre ou cinq entrées de dromos, avec
leur forme trapézoïdale, plus large à la base qu'au sommet.
C'est enfin, 500 ou 600 mètres plus à l'Est encore, une nouvelle
tholos creusée dans le rocher, utilisée actuellement comme bergerie,
où le propriétaire, en nivelant le sol, a trouvé des squelettes
et un vase mycénien que nous avons pu acheter et donner au Musée
de Dimitsana (fig.18)[40].
Il est probable qu'un certain nombre de ces tombes ont été pillées,
d'autres, dont le plafond s'est effondré, ou dont on ne fait qu'apercevoir
l'emplacement, pourraient donner des renseignements précieux pour l'histoire
de cette région aux hautes époques : l'occupation a dû en
être assez ancienne, puisque, à l'intérieur même de
la forteresse, nous avons trouvé sur le sol des fragments de couteaux en
obsidienne.
II. La forteresse de Saint Nicolas
Cette petite fortification se dresse sur le piton isolé,
abrupt, qui domine immédiatement au Nord-Est le village de Vlachorafti[41].
Comme le montre le plan (fig.19) il est probable que l'enceinte était
double, au moins sur une partie de son développement. Au niveau inférieur,
on trouve un angle puissant en A, qui devait se prolonger vers l'Ouest en suivant
une ligne de rochers, défense naturelle au pied de laquelle on aperçoit
un certain nombre de blocs tombés. Sensiblement au même niveau, on
retrouve le mur en B, qui ensuite file vers le Nord, en escaladant la pente de
la colline. Une tour rectangulaire C (trois mètres de développement
en façade) marquait un changement dans la direction de l'enceinte. Après
le point D, on ne trouve plus que des blocs épars, et il semble que la
face Nord de la forteresse soit entièrement détruite. De toute manière,
cette courtine D dépasse nettement l'origine de la barre rocheuse E-F qui
devait constituer le côté Nord de la fortification supérieure
: elle présente, en effet, des parois abruptes des deux côtés,
nécessairement utilisées pour la défense de cet endroit.
Contre cette barre rocheuse s'appuye un angle de la forte tour pentagonale G[42]
(dimensions maxima : 6 mètres x 4 mètres), tandis que de l'angle
conjoint part la courtine H-J, longue de 17 m. 50 au moins, interrompue par la
poterne I, large seulement de 0 m. 82[43].
Il est impossible pour le moment de déterminer si cette courtine H-J rejoignait
l'enceinte inférieure, ou si plutôt elle ne faisait pas un angle
vers l'Ouest, pour s'appuyer sur la butte où est bâtie l'église,
en fermant ainsi le système défensif supérieur. De toute
manière, les dimensions de la forteresse ne semblent pas avoir dépassé
une quarantaine de mètres du Nord au Sud, une cinquantaine d'Est en Ouest.
Il s'agit, donc plutôt d'un poste de garde, d'une guette, que justifie la
situation exceptionnellement favorable du piton. Sur la face Nord, une vingtaine
de mètres en dessous de la forteresse, s'ouvre dans le rocher une anfractuosité
profonde, obstruée à l'heure actuelle mais les paysans parlent d'une
double caverne, avec une citerne ( ?) : en fait, il est possible que la garnison
ait conservé là une provision d'eau utile en cas de siège.
L'appareil des murs est très
proche de celui de Paliocastro dans le principe, encore que par endroits il paraisse
moins soigné. On retrouve (fig.20 et 21) les assises tendant à
l'horizontalité de l'appareil trapézoïdal, et les deux types
de décrochements. Mais on note aussi l'emploi plus fréquent des
blocs plus hauts que larges, et l'utilisation nombreuse de petits bouchons, d'ailleurs
bien taillés. Les dimensions des pierres sont assez irrégulières,
avec çà et là quelque tendance au mégalithisme, particulièrement
à la paroi Sud de la tour G (fig. 20), avec à gauche les
deux blocs placés curieusement en oblique, comme pour s'opposer à
un glissement possible, et aussi aux angles, où l'on rencontre, en A par
exemple, des blocs de 1 m. 70 de long, d'autres hauts de 0 m. 90 pour une longueur
de 1 m. 10 et une largeur de 0 m. 70. En A, l'angle est souligné par une
feuillure assez finement ciselée, de 0 m. 10 environ de côté[44]
(fig. 22). L'épaisseur des murs est variable : elle atteint 1 m. 82 en
A, 1 m. 54 pour la courtine H-J, tandis qu'elle ne dépasse guère
1 m. 33 à la tour G[45] : en
cet endroit, le mur n'est formé que d'un parement et de son contreparement,
en éléments légèrement plus petits : il n'y a pratiquement
pas de remplissage.
Malgré les différences assez sensibles que présente cet appareil
avec celui de Paliocastro, il semble bien qu'on doive le dater de la fin du IVe
ou du début du IIIe siècle, et le rattacher au même système[46].
A environ 500 mètres du cimetière de Vlachorafti, en allant vers
Atsikolo, on voit affleurer sur la pente, au-dessus de la route, un petit monument
de calcaire[47].
III. La forteresse d'Hellenico
Cette construction, la plus petite et la plus curieuse de celles que nous considérons
ici, occupe toute l'extension d'un éperon rocheux, orienté grossièrement
Est-Ouest, rattaché à l'Est à une colline, dominant largement
deux ravins à l'Ouest. Le plateau est aplani sur une longueur de moins
de 70 mètres, avec une largeur un peu supérieure à 20 mètres
à l'Est, mais qui se réduit à l'Ouest au point de n'avoir
plus guère qu'une largeur d'une dizaine de mètres : en cet endroit,
il est occupé par un gros rocher, qui devait être utilisé
dans le système défensif, nous allons le voir (fig. 23 et
24). Seuls sont conservés quelques rares vestiges du mur d'enceinte
: au Nord, on reconnaît pourtant une tour rectangulaire A, présentant
en façade un développement de 4 mètres. Plus à l'Est,
la muraille s'accroche aux rochers naturels (fig. 25). Il en est de
même pour toute la fortification au Sud, C (fig. 26), qui utilise
au mieux une ligne de rochers fortement surplombants. La courtine B pouvait
barrer l'éperon, ou simplement faire partie d'un dispositif d'entrée,
dont il semble qu'on aperçoive des traces immédiatement à
l'Est. Au point où le plateau est le plus resserré, il est coupé
par le mur D, qui devait limiter un réduit intérieur. Ici, les
traces de muraille sont encore plus évanides. On remarque pourtant un
alignement en E, un autre en F, dont la fonction semble claire : il s'appuye
sur le très haut rocher qui le domine au Nord, et pouvait constituer
ainsi à peu de frais un donjon dominant la jonction des ravins.
Les fig. 25 et 26 donnent une idée de l'appareil, dont
les éléments s'accrochent souvent au rocher naturel, à peine
préparé. Aux endroits où la muraille est conservée
sur une hauteur de plus de deux assises, on remarque le tracé sinueux des
assises ; l'irrégularité des dimensions des blocs, dont certains
atteignent une longueur de 1 m. 50, pour une hauteur de 0 m. 70 (dans un cas,
on a 1 m. 90 x 0 m. 80), tandis que la plupart ne dépassent guère
0 m. 60 x 0 m. 40 ; le caractère lâche des joints, et l'emploi de
très nombreux bouchons sommairement ajustés.[48]
En façade, les pierres présentent une surface extrêmement
irrégulière, normalement sans bossage, et même à peine
dégrossie, telle qu'au sortir de la carrière. Cette technique, dont
la ressemblance avec le premier appareil de Paliocastro est assez frappante, pourrait
simplement correspondre à un travail très hâtif. Mais il est
plus probable qu'elle témoigne d'une époque de construction plus
ancienne. Les ressemblances avec certains appareils, sinon “ lesbiques ”,
du moins d'influence lesbique[49],
ne témoignent probablement que d'une rencontre de styles, due à
l'analogie des conditions. Par contre, on est tenté de faire le rapprochement
avec un certain appareil “cyclopéen polygonal ”, tel qu'on
le connaît à Corinthe par exemple[50].
Dans ce dernier cas, il ne semble pas que la construction puisse remonter à
l'époque mycénienne ; elle daterait plutôt de la fin de l'époque
archaïque. Il est probable qu'il en était de même à Hellenico.
Il est regrettable qu'on ne soit pas davantage aidé, pour la détermination
de la période d'utilisation de la forteresse, par des trouvailles faites
en ce lieu. Sur le plateau même on remarque trois blocs de calcaire, taillés
soigneusement, larges de 0 m. 68, avec des longueurs atteignant 1 m. 60 et 1 m.
80, pour une hauteur (incomplète) de 0 m. 47 au maximum. Dans un champ
au pied de la forteresse une pierre inscrite (fig.27) peut au moins donner
une date approximative dans l'occupation du lieu.
<Stèle calcaire brisée
en haut à gauche. Sur la face supérieure, à 0 m. 04 de
la face inscrite, petite cavité de 0 m. 03 sur 0 m. 02. Hauteur : 0 m.
565 ; largeur: 0 m. 24 ; épaisseur : 0 m. 185. Hauteur des lettres :
0 m. 045. Interligne : 0 m. 04 entre et
E ; 0 m. 02 entre K et et K et M.
On rencontre des au
VIe siècle en Eubée, à Ithaque, dans l'Italie méridionale,
au Ve siècle à Tarente (W. Larfeld, Handbukhder griech. Epigr.,
I, Taf. III).
Voir le texte fig. 27.
Ligne 2 : : le
lapicide, faute de place, a gravé l’ E final perpendiculairement
au reste du texte, le long du bord droit de la stèle.
Les tessons identifiables, ramassés sur le site sont extrêmement
rares nous n'avons guère trouvé qu'un fragment de terre cuite,
provenant probablement d'une statue archaïque de femme ; les paysans nous
ont montré une monnaie archaïque en argent, un petit cochon votif
de terre cuite, très fragmentaire, et une petite tête à
yeux en pastille, probablement archaïque aussi. Tous ces indices concourent
au moins à désigner pour l'occupation de la forteresse une date
assez ancienne, de toute manière antérieure à la ligue
arcadienne, et archaïque, plutôt que mycénienne. Seules des
fouilles méthodiques permettraient probablement, par une étude
plus abondante du matériel céramique, de confirmer cette hypothèse.
On en dirait, autant pour le premier appareil de Paliocastro, et c'est à
la période archaïque qu'on penserait encore. Certes, l'existence,
au pied de la colline, d'une grande nécropole mycénienne autorise
à y chercher aussi des fortifications de même époque. Mais
ce ne sont pas nécessairement celles dont nous avons parlé. Au
contraire : la grande hauteur de la colline ne s'accorde guère avec les
habitudes mycéniennes, et cette acropole primitive pouvait être
sur quelqu'un des monticules situés plus au Nord, dominant immédiatement
la voie de communications, en un point qu'il reste encore à trouver.
Pierre CHARNEUX et René GINOUVES
[1] Ce travail a été
préparé à l’occasion des diverses fouilles executées
à Gortys, tout particulièrement pendant l’été
1955 (cf. BCH 80 (1956), p. 430), puis pendant un séjour rapide
en juillet 1956. Nous remercions ici chaleureusement Mr Georges Pisimisis, instituteur
à Paliokastro, qui a été pour nous le plus dévoué
et le mieux informé des guides, nous faisant profiter de lsa grande connaissance
de la région de Paliokastro, aux antiquités de laquelle il consacre
beaucoup de soins.
[2] Cf. Pausanias VIII, 27, 28, passim,
et BCH, 71-72 (1947-1948), p.81, n. 1 et 2 (R. Martin).
[3] La forteresse de Gortys d'Arcadie
est bâtie précisément au croisement de cette route et de
celle qui nous occupe dans cet article, cf. R. Martin, Les enceintes de Gortys
d’Arcadie, dans BCH 71-72 (1947-1948), pp. 81-147, important travail,
auquel nous renverrons souvent.
[4] Probablement le Bouphagos ;
cf. la note suivante.
[5] VIII, 26, 8
: Cf. V, 7, 1 et
VIII, 27, 17.
[6] Ces deux sites sont : 1°
une acropole, elle même appelée autrefois Paliokastro, maintenant
Hellenico, près de Palumba : 2° au delà de l’ancien
village de Trypaes (cf. E. Meyer Pelop. Wander., p. 106), sur une colline
dominant la rive droite de l’Alphée, la forteresse étudiée
ici. Frazer se dirigeait ensuite vers Sarakini et Atsikolo : c’est
la même route que nous suivons encore pour aller de Gortys à Paliokastro.
La forteresse a été quelquefois identifiée à Maratha
(ainsi Leake, Peloponnesiaca, p. 232-233 ; Frazer, l.l.).
Mais Maratha est situé par Pausanias, VIII, 28, 1, entre les sources
du Bouphagos et Gortys, ce qui exclut une colline au bord de l’Alphée
(cf. maintenant E. Meyer, Pausanias’ Beschr. Griechenl., p. 407,
avec la note 4). L’identification avec Bouphagion était déjà
proposée par Gell, Itin. of the Morea, p. 110-113, et Probestücke
von Städtemauern, p. 33-34, avec la planche XII. Cf. aussi Bursian ,
Geogr. Von Griechenl., I, p. 258. C’est cette solution que fait
prévaloir définitivement E. Meyer, qui a revu en détail
la région et lui a consacré un chapitre de ses Pelop. Wander.
(1939), p. 101-106. On se reportera avant tout à son exposé pour
la topographie moderne du pays et la critique des anciens voyageurs. E. Meyer
avait dressé un plan sommaire de la forteresse de Paliokastro, ibidem,
pl. V.
[7] Ainsi les tours flanquent mieux
les courtines. On retrouve le même arrangement à Gortys, dans le
petit fortin Sud, et avec des dimensions très proches (Martin, l.l.,
p. 118) ; et aussi à Oinoé-Myopolis (cf. L. Chandler, JHS
46 (1926), p. 9, fig. 4), à Eleuthères, à Léontion
(cf. E. Meyer, Pelop. Wanderungen, pl. VI), etc. Au contraire, d’autres
forteresses présentent des tours dont le quatrième côté
coupe en diagonale l’angle de l’enceinte, si bien qu’elles
ne saillent que de trois côtés : cf. par exemple Rhamnonte
(J. Poulloux, La forteresse de Rhamnonte, plan, TD), Aléa (E.
Meyer, l.l., plan II, tour 15), Keryneia (ibid., plan IX), etc.
Il me paraît pas que ces deux techniques se répartissent selon
une règle géographique ou chronologique simple.
[8] C’est le principe même
des “ crémaillères ” de Gortys et d’ailleurs
(cf. R. Martin, l.l., pp. 93-94, 97-99). Les dimensions des flancs, de
1 m. 40 à 2 m. 50, sont du même ordre qu’à Paliokastro.
[9] Cette longueur aurait constitué
une faiblesse : en effet la porée utile d’un javelot de devait
guère dépasser 25 ou 30 mèters. A Gortys, la longueur des
courtines est en général légèrement supérieure
à 20 mètres (cf. R. Martin, l.l., p. 86 et 116), quelques
fois beaucoup plus faible (entre 11 et 12 mètres sur le mur à
crémaillères Nord-Est), et elle atteint une fois 47 m. 70 (en
C2), à cause d’une particularité du tracé. A Paliokastro
nous trouverons dans l’enceinte inférieure une courtine de 37 m.
50 (C10).
[10] Cf. ci-dessous, l'accès
à la forteresse inférieure, et, à Gortys, la porte B (Martin,
l. l., p. 103), à propos de laquelle on a évoqué
les entrées de palais crétois. Ces portes de Paliocastro sont
remarquables par leur largeur réduite, par rapport à celles de
Gortys, qui va de 3 m. 20 à 4 m. 60.
[11] Ces dimensions sont très
inférieures à celles de la grande forteresse de Gortys, avec ses
425 mètres de long pour une largeur màximurn de 160 mètres,
cf. Martin, l. l., p. 85. Elles évoqueraient plutôt celles
de la forteresse Sud du même site (ibid., p. 116, 131 mètres
x 70 mètres au maximum). Cf. ci-dessous, p. 532.
[12] Le pointillé du plan
n'a qu'une valeur indicative.
[13] Elle devait renforcer l'enceinte
à ce changement de direction particulièrement important. Sur le
rôle des tours rondes aux angles, cf. Martin, l. l., p. 88 et p.
89, n. 2.
[14] L'existence, en arrière
d'une première porte étroite, de cette sorte de place triangulaire
assez vaste pourrait correspondre à la même préoccupation
qu'à Gortys et ailleurs (Martin, l. l., p. 103 et n. 2) l'élargissement
du passage vers l'intérieur. Il était possible de concentrer en
cet endroit, à l'abri de l'ennemi, des troupes assez nombreuses pour
une sortie ; inversecnent, les ennemis qui auraient franchi la première
porte se seraient trouvés dans une sorte de “ souricière
”, sous les coups des défenseurs.
[15] Tout cet ensemble est situé
à un niveau nettement plus bas que le reste de la grande enceinte, entre
10 et 20 mètres au-dessous. Ce serait une présomption en faveur
de la dernière théorie.
[16] Dans la classification de R.
L. Scranton, Greek Walls, cette technique rentrerait dans la catégorie
du “ trapézoidal irrégulier ”, p. 23 et
p. 72.
[17] On rencontre, mais tout à
fait exceptionnellement, des blocs plus hauts que large, particularité
qui semble presque inconnue à Gortys, cf. Martin, l. l., p. 122
et n. 2.
[18] Mais il arrive aussi que le
bouchon rectangulaire supplée simplement à une imperfection de
la pierre, cf. fig. 5, à gauche.
[19] L'ouverture qui apparaît
fig. 5, à droite, sur une hauteur de deux assises, peut correspondre,
soit à une meurtrière (cf. Corinth, III, 2, fig. 9 et p.
10), soit plutôt à un orifice d'écoulement, pour les eaux
qui auraient pu s'accum uler dans le remblai derrière le mur. L'ignorance
dans laquelle nous sommes sur le niveau du sol ancien à l'intérieur
empêche de décider.
[20] Les blocs ont en moyenne 0
m. 60 x 0 m. 30, avec quelques dalles très plates, hautes de 0 m. 12
ou 0 m. 13, longues de 0 m. 40 au plus. Les joints sont très fins, les
bossages légers.
[21] Pourtant, l'enceinte supérieure
semble faite d'éléments plus petits et plus irréguliers.
Les faces Ouest des tours T1 et T2 butent contre des murs dont les blocs n'ont
guère plus de 0 m. 50 x 0 m. 25 en moyenne, au moins au départ.
Par contre, l'appareil de T4 est très soigné, avec des blocs taillés
en coin.
[22] La seule particularité
notable est, pour la tour T10, qu'elle semble reposer sur un socle débordant
de 0 m. 25 à 0 m. 30 environ, qui doit en constituer la fondation.
[23] Cf. Martin, l. l., p.
125-126.
[24] Ibid., p. 1'26 et 128.
On les connaît, en Attique, à une date plus ancienne, dans des
ensembles an vrai assez différents (cf. W. Wrede, Attische Mauern,
fig. 25 et p. 10, fig. 75 et 76) ; ils sont habituels à Corinthe (cf.
Corinth, III, 2, p. 12-13, fig. 7-8), ainsi que dans les remparts d'Aléa.
[25] Cf. Martin, l. l., p.
129. On les trouve fréquemment aussi dans la grande enceinte de Rhamnonte,
cf. J. Pouifloux, l. l., p. 49 et n. 4.
[26] Cf. Martin, l. l., p.
139-142.
[27] Cf. Xénophon, Hellenica,
VI, 5, 22.
[28] Cf. Martin, l. l., p.
144-145.
[29] L'identification et la description
de ces deux monnaies nous a été communiquée par Tony Beekmans :
Bronze d'Antigone Gonatas (maintenant au Musée national). D = 18 millimètres.
Au droit tète d'Athéna à droite, avec le casque corinthien.
Au revers Pan érigeant un trophée ; à ses pieds, à
gauche, casque macédonien; entre ses jambes le monogramme A/ ; dans le
champ : en haut à gauche B, à droite A ; en bas à droite
traces incertaines. Surfrappe : un trident. Cf. Syll. numm. Graec. I,
Macedonia, nos 1205-1213 (277-239 av. J.-C.).
Bronze de Ptolémée III (chez Mr Pisimisis, instituteur à
Paliocasttro). D = 19 millimètres.
Au droit tête laurée de Ptolémée III à droite,
dans un cercle pointillé. Au revers ;
aigle à gauche assis sur un foudre; dans le champ, à droite, corne
d'abondance. Cf. Svoronos, ,
no 1000 (env. 244 av.J.-C.). Neuf pieces identiques ont été découvertes
dans les fouilles de Gortys.
[30] La photographie montre la
finesse des joints, ainsi que l'utilisation des bouchons rectangulaires plats,
qui assimilent parfaitement ce mur à la courtine C10.
[31] De forme vaguement ovoïde,
avec trois pans coupés nettement marqués au Sud, elle mesure plus
de 10 mètres dans son plus grand diamètre. Ses parois présentent
à leur bord supérieur, sur les trois faces Sud, une feuillure
large de 0 m. 35-0. m. 40, haute d'autant, qui probablement recevait la couverture.
[32] Longueur totale, avec la métope,
0 m. 65 ; hauteur, 0 m. 445 ; largeur du triglyphe, 0 m. 196 ; hauteur du bandeau,
0 m. 06. Fonds des canaux triangulaires, extrémité supérieure
droite à triangle oblique.
[33] Le tambour, dont le lit de
pose, sans anathyrose ni mortaise, est conservé, comporte 20 cannelures.
Rayon au fond des cannelures 0 m. 1835 ; rayon maximum 0 m. 189.
[34] La gorge sous l'abaque et surtout
le nombre des cannelures (16 restituables) seraient des arguments contre une
datation trop basse, tandis que le matériau employé, – le
calcaire veiné local –, empêche de remonter trop haut. L'ensemble
des rapports des mesures, comparé aux séries connues (cf. le tableau
de Mr P. de La Coste-Messelière, dans P. Amandry, Observations sur
les monuments de l'Héraion d'Argos, dans Hesperia, 21 (1952),
p. 257-259) indiqueraient le milieu du Ve siècle.
Les annelets paraissent typiquement péloponnésiens.
[35] C'est le type dit “ broyeur
rectangulaire à entonnoir ”, cf. par exemple W. Deonna, Mobilier
Délien, Expl. Arch. de Délos, XVIII, p. 126-129 et fig. 154.
[36] Cf. W. Deonna, l. l.,
p. 208-209 et pl. 556; Excavations al Olynthus, X, pl. 121,1949; etc.
[37] Cf. Olympia, IV, pl.
64, 1050-1058 et texte, p. 175-176; AJA 43 (1939), p. 193, etc. La ressemblance
est particulièrement frappante avec un objet semblable conservé
au Metropolitan Museum (no 38.11. 7. Cf. Bulletin of
the M. M., 1939, pp. 146 ss., fig. 3; Richter, AJA (1939),
P. 189, 194 ss., fig. 4 et 5 ; Tod, JHS (1942), p. 66; Richter, Handbook
of the Greek Collection...,
pl. 49 et p. 209) dédié aux Dioscures sur le butin pris aux
habitants d'Heraia, précisément.
[38] La forme en est quadrangulaire,
avec intérieurement les angles arrondis. Longueur intérieure :
0 m. 82 au fond, 0 m. 95 en haut ; hauteur intérieure, 0 m. 37 au maximum
; largeur des parois, 0 m. 10 à 0 m. 17 en haut.
[39] Elle était probablement
peinte. La forme même du couronnement implique une palmette centrale,
avec une volute de chaque côte, cf, les exemples de A. Conze, Die allischen
Grabreliels, pl. 315, 1514 et 1525 ; 342,
1617, etc.
[40] La décoration de la
circonférence supérieure comporte, du côté du goulot,
deux séries de triangles concaves, de l'autre, deux séries de
triangles convexes (type des “ demi-cercles concentriques ”)
reliées par un chevron. Cf. le style III C 1 de A. Furumark, The Mycenaean
Poli6ry, fig. 58, p. 345 (nos 30,31, 32, 32).
[41] Elle a été signalée
par S. Charitonidis, dans BCH 79 (1955), p. 253 et fig. 12. On corrigera sur
ce point E. Meyer, Pelop. Wander., p. 105.
[42] Pour les tours pentagonales,
assez rares, cf. l'exemple de Doura, Syria, 5 (1926), p. 26, et les préceptes
de Philon (ibid., n. 2).
[43] Les poternes des courtines
C2 et C3 à Gortys sont légèrement plus larges (1 m. 15
à l'extérieur, 1 m. 05 au minimum à l'intérieur).
La poterne est ici suffisamment rapprochée de la tour pour être
sous sa protection directe. Dans l'état actuel, on ne voit pas de trace
de dispositif de fermeture.
[44] On rencontre cette feuillure
d'angle à Platées (et. Scranton, l. l., fig. 15), à
Gyplitokistro (cf. Wrede, l. l., fig. 83-86), à Aigosthènes
(cf. J. Pouilloux, l. l., pl. 28, fig. 3), à Rhamnonte (ibid.,
p. 44), à Titané (Meyer, l. l., pl. IV, a), etc.,
sans qu'on puisse y reconnaitre la marque d'une époque trop précise
(cf. Pouilloux, l. l., p. 50, n. 1).
[45] Cette épaisseur relativement
exceptionnelle (cf. pourtant Martin, l. l., p. 116 et 117, pour la forteresse
Sud de Gortys) pourrait se justifier par la position très dominante du
lieu, et le puissant contrefort constitué par la barrière rocheuse.
[46] Des différences de technique,
même dans un même ensemble, peuvent s'expliquer par des différences
d'atelier (cf. Pouilloux, l. l., p. 47, mais aussi R. Martin, Journal
des Savants,
janvier-mars 1956, p. 40-41) ; à plus forte raison quand il s'agit de
deux sites différents, clans
des conditions différentes.
[47] On distingue dans l'état
actuel un socle, fait de dalles longues de 0 m. 65 et 0 m. 99, etc., sur lequel
reposent deux gros blocs accolés, hauts de 0 m. 50, longs de 1 m. 13
et 0 m. 93, présentant en façade une surface piquetée,
avec tout autour un bandeau plat de 7 ou 8 millimètres de large. Tout
près, on voit une dalle brisée, de 1 m. 13 de long encore pour
une largeur de 0 m. 40, et une autre de 1 m. 03 x 0 m. 46 X 0 m. 55, qui doivent
avoir appartenu au même ensemble.
[48] Les murs D et F, conservés
sur une assise seulement, comportent des éléments plus petits,
ne dépassant guère 0 m. 40 ou 0 m. 50 de longueur. Il est possible
qu'il s'agisse d'une bande de fondations.
[49] Cf. R. L. Scranton, Greek
Walls, p. 27 et p. 32, fig. 6. De toute manière, l'appareil vraiment
“ lesbique ” est exceptionnel dans le Péloponnèse.
[50] Cf. Corinth. III, 2,
fig. 26 et p. 30-34.
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