ESPACE DES MORTS

La géographie des morts à X-K'opch'en, Quintana Roo
(Olivier Le Guen)
Autrefois, on ne mourait pas.

Mais c'était à l'époque des Saints. Lorsqu'on mourait, après quatre ou cinq jours, on revenait à la vie, on se relevait (kuka'akuxtal, kuka'ali'iki').

À cette époque, il n'y avait pas de mortels (ok ha') et les gens étaient peu nombreux car ils ne se reproduisaient pas, puisqu'ils revivaient. Mais San Pedro a mis un terme à tout ceci. « Non, à partir du moment où on est mort, on est mort, dit-il, une branche, lorsqu'elle est cassée, si elle tombe par terre, et bien, elle ne remonte pas où elle s'est brisée ». C'est ainsi qu'il dit. Puis, les saints sont partis pour suivre Jesucristo, laissant la terre (yòok'ol kàab) aux mortels Adam et Eve qui ont procréé.
C'est ainsi que les hommes ont commencé à avoir des enfants et à se multiplier 1

(Traduction d'archive sonore personnelle).

Lors de mon enquête de terrain à x-K'opch'en, un village du Quintana Roo (Mexique), je me suis intéressé à la mort, ses rites et au parcours des âmes dans le cadre d'un autre travail à paraître. Dans la présente communication, j'ai tenté d'organiser mes notes de terrains et les récits que j'ai pu recueillir, afin de rendre compte des relations que les vivants entretiennent avec leurs morts, l'importance de la circulation des morts et l'imbrication des espaces.

J'évoquerais plus ou moins de manière dissociée ce qui se déroule chez les vivants d'une part et chez les morts d'autre part. J'adopte ce double point de vue uniquement pour la clarté de l'exposé car, bien sûr, pour les Mayas tout est non seulement lié, mais le destin de l'âme est plus ou moins figuré dans les rituels. Après les funérailles, nous verrons que l'âme émigre, non seulement elle quitte le corps, mais aussi l'espace terrestre. Ce départ n'est toutefois pas définitif puis que, régulièrement, elle revient parmi les siens. Après une description des lieux des morts, ceux des corps et des âmes, nous nous attarderons sur les voies de communications qui existent entre ces divers endroits et celles entre les acteurs vivants ou morts qui les peuplent

I. Les funérailles

Lorsqu'une personne meurt, on prépare le corps dans la maison. Le jour suivant est celui du belòorio (la veillée) et la famille fait un máatan2 pour tous ceux réunis pour l'occasion. Quand se termine le rosario (prière), on distribue du café (offrande commune dans divers type de cérémonie) aux personnes présentes. S'il y a la possibilité de faire trois, cinq máatan alors la famille le fait (mais ce n'est pas obligatoire, c'est en fonction des moyens). On donne aussi su litro de tatich (litre de rhum), de l'alcool ou de la bière, à ceux qui font la veillée et tiennent compagnie à la famille pour qu'elle ne soit pas triste.

Le jour suivant (troisième jour) est celui de l'enterrement (mùukul). Le matin, vers 8h00, il y a un máatan et des prières. C'est là qu'on apprend au mort son nouvel état. Puis, on emmène le cadavre au cimetière où il sera inhumé vers 11h00, généralement dans un cercueil en bois. Si la personne était mariée, on place une couronne dans ses mains serrées sur sa poitrine. Des pierres sont disposées autour de la tombe, pour éviter de mettre deux corps au même endroit, et l'on plante une croix indiquant uniquement la date de la mort, pas de nom ni de date de naissance. Les corps sont enterrés en principe dans des cercueils, mais il semble que des linceuls soient encore parfois usités.

Des cérémonies familiales pour l'âme, dites nobèena (neuvaines), sont accomplies régulièrement : les tres dyàas, trois jours après le décès, puis chaque semaine et ensuite chaque mois jusqu'à l'anniversaire de la mort, dite en maya : kàabo de àanyo'. Le mort, après cette année, est intégré parmi les autres âmes et les accompagne pour le hanal pixan (jour des morts, célébré à x-K'opch'en du 1er novembre au 24 décembre).

II. Les parcours de l'âme (pixan)

1. Le départ de l'âme

Lorsqu'une personne meurt, elle ignore son nouvel état de pixan (âme), elle reste dans sa maison voyant les gens travailler comme d'habitude ; elle ignore qu'elle est morte. C'est seulement le troisième jour, lors des prières, qu'on lui annonce qu'elle est morte. Elle constate alors que tout le monde est réuni autour de son cadavre. 'esprit tente de retourner dans son corps, y entre pour le ramener à la vie, mais « il ne se lève pas » (munkuxtal, munlìik'i'). L'âme se met à pleurer, plongée dans un profond désarroi.

Une âme plus ancienne (nohoch pixan) vient la chercher pour la guider. Une période d'une année va alors s'écouler, durant laquelle l'âme ne pourra pas manger aux máatan, seuls ses aïeux (père, mère, etc.) pourront profiter des mets. Je pense que l'âme traverse une période transitoire, plus ou moins d'expiation, et j'infère cela d'une autre histoire que D. m'a raconté à propos de l'importance du chien pour son l'âme maître dans la mort3 : « Quand tu es mort, ton âme, ton esprit vont dans un petit recoin de l'oreille de ton chien et il saute par dessus le feu (là où tu dois payer tes péchés, tes offenses). Quand cela est fini, il t'a sauvé. C'est lui qui est mort, juste son âme [lit : sa petite âme]. Mais s'il ne le fait pas, alors c'est à toi de la faire, tu payes tes péchés pendant un an ». Il semble donc qu'il existe une année de purgatoire, que l'on peut éviter si l'on avait un chien fidèle de son vivant ! Quoi 'il en soit, une période d'un an est nécessaire, ainsi que des rites spécifiques, pour que la nouvelle âme trouve sa place dans l'assemblée de ses ancêtres.

2. Le retour de l'âme

Les âmes reviennent sur terre pour une période annuelle de deux mois, du 1er novembre (30 octobre pour les enfants) jusqu'au 24 décembre. Le soir du 31 octobre reviennent les âmes des enfants, puis le 1er novembre, dit nohoch k'ìin, celles des adultes. Un máatan est organisé le 1er novembre à 'église pour accueillir les âmes, toutes les âmes de l'ejido (territoire du village). La nourriture, comme à l'habitude pour les máatan, est apportée par tous ceux qui veulent bien participer et les offrandes sont offertes à toutes les âmes (tuláakal le pixano'obo'). En réalité, elles sont d'abord données à San Juan qui va ensuite les répartir. La mort est aussi invitée. C'est le chef des morts (urèey), déléguée comme gardien par Dieu ou San Pedro. Ce dernier accueille les âmes. Étant donné la voracité de la mort, qui mangerait tous les aliments et obligerait ensuite les âmes à la suivre sans avoir pu manger quoi que se soit, on la cite en dernier et on lui donne des choses dures à manger (os de poulet, tête, pied, œufs durs avec la coquille). Tout cela afin qu'elle tarde et laisse aux autres âmes le temps de se restaurer.

Lors du máatan qui a lieu dans l'église pour jour des morts, sont toutes les âmes territoire ejidal qui viennent, y compris celles des villages abandonnés de Sahkabch'en, San Pedro et Chan x-K'opch'en. Il semble qu'il y ait un ancrage territorial et familial. Selon D., les âmes qui n'ont plus de famille viennent car elles sont sur les terres du village (ejido). Je pense qu'elles sont par là même sous la coupe de San Juan, le saint patron protecteur du village.

Après le máatan collectif à l'église, chaque famille honore ses propres ancêtres dans la maison. On ne rend hommage qu'aux personnes mortes de la génération supérieure ou inférieure : un homme accomplira le rituel pour son père et ses parents feront de même pour le grand-père. Dans le cas de la famille de D., ce sont les parents qui font la cérémonie pour le grand-père et une sœur de D. ainsi que trois enfants. Dans le cas d'E., ce sont quatre personnes. Dans les rituels familiaux, le partage de nourriture entre les morts se fait comme dans les cérémonies entre les vivants. Les morts cités (les ancêtres familiaux [cf. Le Guen 2003]) mangent d'abord, puis c'est au tour des autres âmes de se partager le reste de nourriture. Les âmes sont appelées nominativement pour les máatan par leur famille, et cet appel par le nom du mort est essentiel. Lors des cérémonies familiales, on dit une prière pour chaque âme individuellement. Le soir où j'ai assisté à l'une d'elles, cela a duré entre 30 et 45 minutes et il n'y avait que quatre défunts, mais il peut arriver qu'il y en ait une dizaine et les prières durent alors plusieurs heures. On place aussi des bougies sur les murs du sòolar pour guider les âmes jusqu'à la maison où leur sont faites des offrandes.

Pendant cette période du retour des morts, les âmes ont faim. Elles mangent toute nourriture qui se présente à elles, même en dehors de máatan. Pour les âmes, selon D., c'est comme si elles rêvaient qu'elles mangeaient, mais en réalité la nourriture est toujours là. Elles ne mangent que la vapeur, l'odeur des aliments (upixan = l'âme des aliments). Quand on fait un máatan, on doit donc patienter un peu avant de consommer la nourriture, attendant que les âmes aient terminé. On agit de la même manière pour les Saints (ex. : San Juan, la Guadaloupe, etc.). Les âmes ne mangent pas de cochon (k'e'ek'em) ou de vache (wàakax) car on dit que leur pixan est mauvais, ce n'est pas le cas du poulet (kàax) qui a, lui, un bon pixan. On peut cependant offrir de la vache, mais avec des feuilles d'herbes saintes (nik te' ??).

Les âmes qui sont au paradis (et peut-être aussi en enfer, mais on en parle peu) redescendent sur terre pour le hanal pixan et, pour ce faire, passent par l'endroit où sont leurs os. Elles traverseront donc, pour la plupart, le cimetière ; les autres rejoindront leur tombe située dans le sòolar ; celles des villages abandonnés feront de même. J'ignore si les âmes des malemorts viennent, elles aussi. Pendant leur séjour sur terre, en dehors des máatan collectifs ou familiaux, les âmes demeurent à l'endroit où se trouve leur os (essentiellement le cimetière) ou bien elles errent dans le village. Selon certains, elles pratiquent les mêmes activités que les vivants, par exemple aller danser au bal du village.

III. Les lieux des morts
1. Le cimetière et les tombes

Le cimetière (muknal) de x-K'opch'en est situé un peu à l'écart dans le village. Auparavant (avant la construction des routes modernes et quand le village n'avait pas le plan en damier actuel), il était situé sur un chemin qui partait de l'église pour aller à Chan Cah de Repente, un village voisin vers l'ouest. Le cimetière est apparu en même temps que la « loi », après la Guerre des castes.

Lors d'une visite avec un resador, celui-ci m'expliquait que ce n'était pas si grave si on ne nettoyait pas les tombes reprises par la végétation car les morts retrouvent toujours leurs os. On dit aussi que, si l'on défriche le cimetière, alors des personnes vont mourir : faire de la place pour de nouvelles tombes, signifie qu'elles devront être remplies et qu'il y aura, par conséquent des personnes qui vont mourir. Les tombes sont anonymes, n'y figure que la date de la mort. Elles sont de deux types : en terre, simplement bordées de pierre avec une croix (ci-contre) ou bien recouvertes d'une chape de béton (ci-dessous). On y place certaines appartenances du mort, le plus souvent ses chaussures.

Les tombes sont toujours orientées : les morts regardent vers l'ouest (la croix est donc à l'est). On trouve parfois sur certaines tombes une petite fiole d'eau bénite, afin d'éviter les mauvais sorts mais aussi pour que les morts considérés comme des sorciers (wàay) ne se relèvent pas.

D'après plusieurs personnes, on peut tout à fait enterrer ses morts dans son sòolar, mais beaucoup d'entre elles trouvent plus pratique de les inhumer au cimetière. Je pense que c'est devenu la norme, suite aux lois gouvernementales sur l'hygiène. Bien qu'il existe des tombes hors des unités d'habitation, les plus récentes paraissent dater déjà de plusieurs années (dix à vingt ans).

2. Les espaces des âmes

Il existe un paradis (Paraiso) et un enfer. On parle souvent des âmes comme étant au paradis, au ciel (te' ka'an(a)lo'). Malgré tout, j'ai entendu peu d'évocation d'un enfer où on localiserait précisément les âmes, il est toujours décrit avec le discours très stéréotypé de la doctrine chrétienne. Comme le suggère l'histoire du chien (voir plus haut), il existerait un lieu de purgatoire avec du feu, mais je n'en sais guère plus.

Le paradis en revanche, nommé Gloria ou Paraiso, fait l'objet de descriptions très précises. D. m'a raconté l'« Histoire du paradis » (Archive sonore personnelle), témoignage d'un homme du village qui a fait une Expérience de Mort Imminente (EMI) : l'homme était en train de faire sa milpa en forêt et, alors qu'il abattait un gros arbre, une lourde ramure lui tomba sur le dos. Il ne s'est rendu compte de rien jusqu'à ce qu'un homme vienne le chercher et l'emmène vers une grande bâtisse, ressemblant à un bâtiment administratif (ofisina nohoch), agrémenté de grandes colonnes. Il y avait là beaucoup de gens, qu'il n'avait jamais vus. L'homme qui l'accompagnait lui dit de patienter car il devait interroger le Senyor Rey (chef du paradis, probablement San Pedro) de ce qui avait été décidé concernant le sort du nouvel arrivant. Au retour de son accompagnateur, l'homme s'entendit dire qu'il ne pouvait rester et qu'on allait le reconduire sur terre. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était à l'hôpital. Les gens qu'il avait vus étaient bien des morts, malgré leur ressemblance avec des vivants, « entiers » : ce ne sont pas des squelettes, ils sont habillés, comme s'ils n'étaient jamais morts. Comme pour toute expérience avec des entités d'ordre surnaturel, par peur d'un mauvais sort, l'homme a attendu plusieurs mois avant de raconter cette histoire. Mais son témoignage, selon le narrateur, est bien une preuve de l'existence du paradis, preuve qu'il y a bien un roi qui reçoit les gens qui sont amenés les uns après les autres. L'homme n'a pas pu accéder à l'intérieur du paradis et ne nous laisse qu'une description partielle.

Sur terre, les âmes sont aussi présentes, notamment lors de la période du hanal pixan, c'est-à-dire deux mois dans l'année. Pour les enfants cependant, le cimetière est avant tout le lieu où se trouvent les âmes ; il est considéré comme un lieu dangereux. Les enfants avec qui j'ai eu ce genre de conversation n'ont pas eu l'air de considérer que les âmes partaient au ciel et, selon eux, le cimetière est dangereux toute l'année. Ils pensent aussi que lorsqu'une personne meurt dans la forêt, son âme y reste. Cette âme est dangereuse et il est par conséquent risqué de rencontrer une telle entité en forêt. Elle peut faire peur, la peur entraînant souvent la maladie, voire la mort, en particulier pour des enfants. Ceci entre aussi dans une stratégie de restriction des espaces des plus jeunes.

IV. Les voies de communication entre vivants et morts

Comment sait-on où vivent les morts ? Comment les morts savent-ils qu'on leur fait une offrande ? Comment sait-on que les morts sont là alors qu'on ne peut les percevoir ? Toutes ces questions ont un point commun qui nous force à nous interroger sur la question fondamentale des relations entre morts et vivants, entre espace des morts et espace des vivants. Autrement dit, quelles sont les voies de communication qui existent entre l'univers des morts et celui des vivants ?

1. Les vivants chez les morts...

On ne m'a pas raconté l'histoire, comme il en existe dans de nombreuses communautés (chez les Lacandons par exemple), d'un ancêtre qui serait allé physiquement dans le monde des morts et en serait revenu pour nous raconter. Une des approches que les mortels ont de l'univers des défunts est celle, déjà citée, que les médecins appellent une Expérience de Mort Imminente, c'est-à-dire un coma profond où les fonctions vitales sont presque nulles. Les Mayas considèrent que l'âme (pixan) a quitté le corps, celui-ci n'étant qu'en sursis. L'histoire de l'homme qui a vu le paradis, traduite plus haut, en est une parfaite illustration. Mais il y a toutefois une contradiction : ce récit, qui montre une vision du paradis très administrative (sorte d'examen en urgence du dossier et renvoi de l'âme), contredit ce que nous avons vu au début, à savoir que ce n'est qu'après trois jours que l'âme est emportée. Il est clair que nous n'avons pas affaire ici à une mort « normale », et la soudaineté de l'accident et de la mort y sont, je pense, pour beaucoup. Ce récit fait penser à ce qui arrive lors de malemort : l'âme de la personne reste à l'endroit où elle est morte.

On retrouve dans la littérature ethnographique d'autres 'autre monde (par exemple Villa-Rojas 1978 : 430), mais on ne nous décrit surtout que le purgatoire et rarement, voire jamais, le paradis en lui-même. Cela implique donc que la mort et le décès seraient à dissocier : la vraie mort ne serait pas physiologique, mais déterminée par l'acceptation de l'âme au paradis.

2. ... et les morts chez les vivants

Le rituel est un des moyens de communication avec les âmes. Les prières, réalisées régulièrement, ne répondent pas toujours à un désir du mort. Les rituels, qui ont lieu la plupart du temps sur l'autel familial, ont pour but de convier l'âme du défunt à venir consommer les offrandes disposées en son honneur. Cet appel se fait essentiellement grâce au nom du mort, resté dans le souvenir des parents ; rappelons qu'il n'est pas inscrit sur la tombe.

Hors des mois de novembre et décembre, l'âme descend sur terre et repart aussitôt au paradis. Mais pendant la période du hanal pixan (1er novembre-24 décembre), l'âme coexiste dans l'espace des hommes ; elle reste à l'endroit de sa sépulture ou bien erre dans le village. D. me confiait, à la suite d'une discussion sur le rêve, que les âmes voyaient les vivants, mais comme dans un rêve. Elles ont oublié leurs souvenirs des vivants. Il serait en effet dangereux qu'elles cherchent leurs habitations ou leurs parents, qu'elles fassent des « investigations » (à la manière d'un ethnologue, par exemple !). Le vieil homme qui s'occupe de 'église acquiesça à ces propos. Bien qu'hommes et morts évoluent dans le même espace, ils n'entrent en contact que très rarement et uniquement dans certains contextes. « Les âmes des morts ne sont pas visibles, elles sont comme des vents » (ìik', mais différent du vent aérien). Cependant, on peut les percevoir à travers le rêve ou la maladie, même si la communication reste limitée. D. m'a dit qu'il avait rêvé d'un mort de sa famille, mais qu'il avait oublié de lui demander pourquoi ce dernier était mort, ne se rendant pas compte qu'il rêvait alors. Une histoire (Archive sonore personnelle) raconte que, durant le mois des morts (tu mèese finàado'), une grand-mère, très malade, reçut la visite de sa mère décédée accompagnée de deux autres âmes. Comme elle somnolait, elle n'a fait que les entendre, discutant entre eux, préparant un máatan.

Il existe donc des voies de communication entre âmes des morts et âmes des vivants. Mais si les espaces ne sont pas totalement différenciés, c'est leur perception qui est singulière, propre à chaque entité.

Lexique

màatan : c'est une offrande, souvent de nourriture et/ou de boisson faite pour des entités (morts ou saints) que les participants se partagent ensuite entre eux
milpa : champ de maïs maya
pixan : âme des morts
sòolar : cours de l'unité d'habitation familiale, dont les pourtours sont souvent matérialisé par un muret de pierres empilées.*

Bibliographie :

LE GUEN, Olivier

2003 « Quand les morts reviennent. Réflexion sur l'ancestralité chez les Mayas des Basses Terres », Journal de la Société des américanistes, tome 89 : 171-205. Paris.
VILLA ROJAS, Alfonso
1978 Los Elegidos de Dios, Instituto Nacional Indigenista, Mexico [1re éd. : 1945, The Maya of East Central Quintana Roo, Carnegie Institution, Publication n° 559, Washington].

Note :
1 C'est ainsi qu'on m'expliqua pourquoi on meurt et pourquoi l'histoire de la résurrection des hommes maintenant n'est qu'un mensonge inventé par les testigos, des missionnaires protestants.
2 Un máatan est une offrande, souvent de nourriture et/ou de boisson faite pour des entités (morts ou saints) que les participants se partagent ensuite entre eux.
3 L'importance du chien dans la mort est un thème récurrent dans les civilisations mexicaines (cf. Boremanse 1986 : 74 ; Thomson 1950 : 109-114 ; Tozzer 1967 : 359-362, Gossen, A Chamula Solar Calendar, 1974 : 239-240).